TRAVAIL ET DIALOGUE
Page d'accueil
A propos de nous
Correspondance et Retrouvailles
Interviews, Entrevues...
Musique
Forum
Emploi
Notes de lecture
Liens

RDC: Joseph Kabila porte plainte contre plusieurs personnalités

(RFI 26/06/15)

Une plainte d’une vingtaine de pages, rédigée par le conseiller spécial du président congolais pour la lutte contre la corruption, le blanchiment et le terrorisme au nom de Joseph Kabila, a été adressée au procureur général de la République. Cette plainte vise toute une série de personnalités politiques et de hauts fonctionnaires.

Impossible de mettre la main sur cette plainte ce jeudi matin. « Secret de l’instruction », répond-t-on au bureau du procureur de la République. Mais RFI a pu confirmer que cette plainte a bien été déposée chez le procureur et qu’elle vise une cinquantaine de personnes, parmi lesquelles des personnalités politiques et des hauts fonctionnaires.

Selon une source proche du dossier, quatre gouverneurs de province, entre autres, et un ancien conseiller du président sont notamment visés par cette plainte : Moïse Katumbi, le très populaire gouverneur du Katanga, mais aussi Alphonse Ngoy Kasanji, gouverneur du Kasaï-Oriental, Alex Kande du Kasaï-Occidental, et Marcellin Cishambo, du Sud-Kivu. Enfin, l'ancien directeur de cabinet du président, Gustave Beya Siku est également visé. Tout comme des hauts fonctionnaires, dont certains seraient proches du Premier ministre actuel, Matata Ponyo.


RDC : Kabila poursuit Katumbi pour « fraude douanière »

(Jeune Afrique 26/06/15)

Moïse Katumbi et trois autres gouverneurs provinciaux de la RDC, ainsi qu’un ancien directeur de cabinet de Joseph Kabila, sont soupçonnés de fraude et de corruption. C’est ce qui ressort de la plainte déposée mardi par un conseiller spécial du chef de l’État congolais, que l’AFP dit avoir pu consulter le lendemain.

On le savait déjà. Dans le bras de fer qui oppose depuis quelques mois Joseph Kabila et Moïse Katumbi, tous les coups sont permis. Dernière illustration en date : la plainte pour corruption, fraudes et détournements déposée au nom du chef de l’État, le 23 juin, devant le parquet général de la République, par Luzolo Bambi, son conseiller spécial en matière de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption, le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.

Une procédure qui viserait plusieurs personnalités dont le gouverneur du Katanga accusé de « fraude douanière », selon l’AFP qui a pu consulter mercredi le « document d’une vingtaine de pages ».

Parmi les suspects, on retrouve également de très proches collaborateurs du chef de l’État, sur qui reposent des soupçons de corruption : Marcellin Cishambo, gouverneur du Sud-Kivu et ancien conseiller du président de la République, Gustave Beya Siku, ancien directeur de cabinet de Joseph Kabila récemment éjecté de son poste. Mais aussi Alex Kande, gouverneur du Kasaï occidental, dans le centre du pays.

 


«Kabila»-Katumbi : Chronique d’une «lutte finale»

(Congo Independant 26/06/15)

Après avoir tout essayé (découpage territorial précipité, mutation des agents des régies financières et douane en poste au Katanga, tracasseries diverses…), «Joseph Kabila» a trouvé l’«arme secrète» susceptible, selon lui, de terrasser son rival vrai ou supposé, Moïse Katumbi Chapwe. Dans la « plainte » que le conseiller spécial Luzolo Bambi Lessa a transmise, mardi 23 juin, au procureur général de la République (PGR), l’actuel gouverneur du Katanga est accusé de «fraude douanière». On le sait, l’homme est propriétaire de plusieurs camions remorques, les fameux "trunks". Dans une réaction à chaud à l’AFP, «Moïse» a semblé dire qu’il s’attendait à vivre la tournure prise par les événements. Les observateurs ne cachaient pas jeudi 25 juin une réelle surprise en apprenant les noms d’autres personnalités citées dans la « plainte présidentielle ». Il en est ainsi du gouverneur Marcellin Cishambo du Sud Kivu et de l’ancien directeur du cabinet présidentiel, Gustave Beya Siku. Diversion ? De l’avis général, Katumbi serait la «cible principale».

«Dès que je serai saisi officiellement de la nouvelle plainte, je prendrai mes responsabilités». Cette réaction à chaud faite, jeudi 25 juin, par le gouverneur Moïse Katumbi Chapwe à l’AFP montre bien que celui-ci était psychologiquement préparé.

Depuis qu’il a lancé, le 23 décembre 2014, sa fameuse métaphore sur les « trois pénalty », « Moïse » se savait dans le «viseur» de «Joseph Kabila». De mémoire de Lushois, le locataire du Palais de la nation n’a jamais digéré ce qu’il continue de considérer comme un crime-de-lèse président. Un affront. «Joseph Kabila a la rancune tenace, confie une source proche de la majorité présidentielle. Depuis ce 23 décembre 2014, le chef de l’Etat n’a pas cessé de répéter à qui voulait l’entendre que c’est lui ou c’est moi ! » La source d’ajouter : «Cette histoire de trois pénalty l’a sérieusement bousculé. L’homme a d’ailleurs perdu son aura d’antan.»

Devenu l’homme par qui le « scandale » est arrivé, Katumbi savait que ses adversaires l’attendraient au tournant. Ceux-ci ont décidé de l’atteindre là où ça pourrait faire le plus de dégâts : le porte-monnaie. « Fraude douanière », c’est l’infraction mise à sa charge.

Diversion ?

Dans son entretien téléphonique avec l’AFP, Katumbi ne s’est pas démonté. Il a rappelé qu’il a déjà eu maille à partir avec la justice de son pays. «J’ai déjà eu affaire à la justice juste avant l’élection présidentielle de 2011». Il n’est nullement étonné par «le procédé et la méthode» usités par "l’accusation". «Déjà en 2009-2010, dit-il, le gouvernement congolais avait lancé une procédure judiciaire contre ma famille et moi en Belgique et en Grande-Bretagne». Il était suspecté à l’époque de trafic d’armes, financement des rebelles et blanchiment d’argent. A l’époque, dira-t-il, Luzolo Bambi Lessa trônait à la tête du ministère de la Justice.

Au total, quatre chefs d’Exécutifs provinciaux sont épinglés dans la «plainte présidentielle». Outre Katumbi, il y a Alphonse Ngoy Kasanji (Kasaï-Oriental), Alex Kande Mupompa (Kasaï-Occidental) et Marcellin Cishambo Ruhoya (Sud-Kivu). Surprise : l’ancien directeur du cabinet présidentiel Gustave Beya Siku est également cité.

En attendant le démarrage du procès que l’on espère équitable avec tout ce que cela implique de respect des droits de la défense, tous les accusés continuent à bénéficier de la présomption d’innocence.

A tort ou raison, des observateurs s’étonnent de la présence d’un homme tel que Cishambo dans ce «groupe». Au motif que ce personnage passait et continue à passer jusqu’ici pour un des «hommes du Président». «Certaines personnalités sont accusées dans le seul but de faire diversion», commente un confrère kinois. «C’est Katumbi qui intéresse au plus haut point un Joseph Kabila qui voit en lui un rival et un empêcheur de tourner en rond. Leur inimitié était devenue tellement notoire au point que d’aucuns se demandaient qui de l’un ou de l’autre allait dégainer le premier... ».

Les « plaintes présidentielles » transmises au PGR présentent, en ce qui concerne « Moïse », tous les contours d’une « chronique d’une lutte finale ».

Après avoir servi le « raïs » de 2007 à 2011, Moïse Katumbi Chapwe eut à faire face dès le lendemain de l’élection présidentielle du 28 novembre 2011 aux rumeurs faisant état de la volonté de « Joseph Kabila » de le faire évincer au profit de son jeune frère Zoé «Kabila».

Aux élections législatives de 2011, «Zoé» s’est fait «élire» député national à Manono, au Nord Katanga. L’homme n’a jamais passé une seule nuit dans sa circonscription. Il n’a pas d’adresse connue.

En octobre 2014, des informations difficiles à vérifier laissaient entendre que Katumbi s’est rendu à Londres afin de suivre un «traitement anti poison». Après une longue absence, le gouverneur regagne Lubumbashi le 23 décembre. Il reçoit un «accueil triomphal».

Dans une petite adresse faite à la « Place de la Poste », il confirme avoir été en Europe pour se faire soigner. Quid des rumeurs d’empoisonnement ? Il ne confirme rien. Il ne dément rien non plus.

Les trois penalty

Au moment de conclure son adresse, « Moïse » lance la fameuse métaphore sur les « trois penaltys » : «Que fera le public si l’arbitre osait siffler un troisième pénalty injuste en lieu et place d’un corner?» La réponse fuse dans la foule : «Nous allons envahir le terrain… ». Katumbi d’enchaîner en swahili: «Aba bantu biko apa, biko buingi kupita ba Burkinabé… ». Traduction : la foule réunie ici est plus importante que celle de Burkina Faso.

Pour le «clan kabiliste», cette parabole n’est ni plus ni moins qu’une «déclaration de guerre». Pour eux, Katumbi a voulu mettre "Kabila" en garde contre un troisième mandat interdit par la Constitution.

Le 5 janvier 2015, « Joseph Kabila » convoque une rencontre avec les notables du Katanga. Deux personnalités sont absentes : Le gouverneur Moïse Katumbi et le président de l’Assemblée provinciale, Gabriel Kyungu wa Kumwanza. Un nouvel affront. C’en est trop.

Au cours d’un point presse, vendredi 9 janvier, Lambert Mende Omalanga, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement central a lancé une « mise en garde » à l’endroit du gouverneur du Katanga. Celui-ci est menacé de « révocation ». Mende finit par se raviser après avoir constaté que c’est plus facile à dire qu’à faire. Et pour cause, l’article 3 de la Charte fondamentale promulguée le 18 février 2006 dote les provinces et les entités décentralisées de la personnalité juridique. Mieux encore, le gouverneur de province et son adjoint sont élus au suffrage universel indirect par des députés provinciaux. Ils sont par la suite investis et non nommés par le Président de la République.

Au total, depuis le 23 décembre 2014, « Joseph Kabila » et les « durs » de sa mouvance reprochent à Moïse Katumbi Chapwe de « s’être désolidarisé de la majorité présidentielle». Une entrevue entre les deux hommes à Kinshasa n’arrangent rien. La méfiance mutuelle reste de rigueur.

Depuis tous ces événements, « Moïse » est devenu invisible aux grandes réunions de la « majorité présidentielle ». Lors des récentes « consultations préliminaires » menées par « Joseph Kabila » en vue du dialogue, Katumbi n’a pas fait le déplacement. A Lubumbashi, il a ouvert les "consultations" avec les "forces vives" avant de laisser la conduire des échanges au vice-gouverneur Yav Tshibal.

Secrétaire exécutif de la « majorité présidentielle », Aubin Minaku continue, pour sa part, à clamer que «la majorité présidentielle demeure unie, elle va se consolider davantage derrière son chef Joseph Kabila Kabange». « Aubin » feint d’ignorer que la majorité est secouée par des dissensions internes sans précédent. D’un côté, les partisans d’une révision de la Constitutionnelle pour permettre à « Joseph Kabila » de briguer un troisième mandat. De l’autre, ceux qui « exhortent » l’« autorité morale » à respecter la loi fondamentale. "Kabila", lui, continue à rêver d’un « glissement » du calendrier électoral.

Jeudi 25 juin 2015, aucun observateur sérieux ne croyait franchement qu’en transmettant ses "plaintes" au PGR, le souci premier de «Joseph Kabila» est de faire triompher la bonne gouvernance. D’aucuns n’hésitent pas à y voir un«règlement de comptes». Une "lutte finale" entre deux "gladiateurs". L’Histoire nous apprend que Goliath ne gagne pas toujours...

Baudouin Amba Wetshi

 


RDC: Kabila porte plainte pour corruption contre quatre gouverneurs, dont Katumbi

(Le Vif 25/06/15)

Le président de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila, a déposé mardi à Kinshasa une plainte pour corruption, au parquet de la République, qui vise notamment quatre gouverneurs de province et un ancien conseiller présidentiel, a rapporté mercredi la radio onusienne Okapi, citant l'AFP.

Le document d'une vingtaine de pages adressé mardi au procureur général de la république, Flory Kabange Numbi, vise nommément quatre gouverneurs: Moïse Katumbi Chapwe (Katanga, sud-est), Alphonse Ngoy Kasanji (Kasaï-Oriental, centre), Alex Kande (Kasaï-Occidental, centre) et Marcellin Chisambo Ruhoya (Sud-Kivu, est). La plainte, adressée au nom de M. Kabila par son conseiller spécial pour la lutte contre la corruption, le blanchiment et le terrorisme, Luzolo Bambi, vise également l'ancien directeur de cabinet du président, Gustave Beya Siku, et une quinzaine d'autres personnes, parmi lesquelles d'anciens hauts fonctionnaires. La plainte dénonce des faits de "corruption", fraudes" et "détournements".

Elle demande au procureur général Kabange d'enquêter sur des allégations de fraude douanière à l'encontre de M. Katumbi - le populaire gouverneur sortant de la riche province du Katanga et potentiel rival -, et de corruption à l'encontre des trois autres gouverneurs. Selon le document, M. Beya Siku, récemment remercié par M. Kabila et dont le nom avait ensuite été cité comme possible ambassadeur de RDC en Belgique, se voit reprocher d'avoir empoché des pots-de-vin en échange de l'attribution du marché du raccordement de Kinshasa par fibre optique à Moanda (sud-ouest), point d'arrivée du câble de télécommunication transatlantique. Aucun des intéressés n'avait pu être joint mercredi soir pour réagir à cette plainte.

Populaire homme d'affaires richissime passé à la politique, M. Katumbi, membre du parti présidentiel, le PPRD (Parti du Peuple pour la Reconstruction et le Développement) fait figure d'éventuel successeur à ce-dernier, au pouvoir depuis 2001. La Constitution interdit à M. Kabila de se présenter à la prochaine présidentielle prévue pour novembre 2016, mais l'opposition le soupçonne de vouloir se maintenir au pouvoir au-delà de cette date, et demande en vain au chef de l'État d'annoncer publiquement qu'il quittera ses fonctions à la fin de son mandat. En janvier, alors qu'un conflit larvé opposait MM. Katumbi et Kabila, le gouvernement avait révoqué le chef de la Direction générale des douanes et accises (DGDA) au Katanga en affirmant vouloir ainsi lutter contre la fraude à la frontière de cette province par laquelle transite la quasi-totalité de la production minière du pays. Mi-mai, une commission d'enquête de l'Assemblée nationale dénonçait le coût exorbitant du raccordement de Kinshasa à Moanda par la fibre optique et les conditions d'attribution de ce marché. Pays parmi les moins développés de la planète, la RDC est aussi l'un des plus corrompus au monde. M. Chisambo, qui est gouverneur du Sud-Kivu depuis janvier 2007 - son mandat était de cinq ans, mais les élections des gouverneurs n'ont plus été organisées depuis en RDC - est un ancien conseiller diplomatique du président Kabila.

25 Juin 2015

© Congo Vision


RDC : Quatre gouverneurs visés par une plainte du chef de l'Etat pour corruption

(AFP 25/06/15)

 

Des ex-combattants le 11/09/2014 dans la localité de Kotakoli qui abrite l’un des plus grands centres d’entrainement commando dans la province de l’Equateur, lords de la visite du représentant spécial du secrétaire général de l’Onu pour la RDC, Martin Köbler,. Radio Okapi/Ph. John Bompengo

Quatre gouverneurs de province congolais et un ancien conseiller du président de la République démocratique du Congo sont visés dans une plainte pour corruption ou fraude déposée par le chef de l’État Joseph Kabila et que l'AFP à pu consulter mercredi.

Le document d'une vingtaine de pages adressé mardi au procureur général de la république vise nommément quatre gouverneurs : Moïse Katumbi (Katanga, sud-est), Alphonse Ngoy Kasanji (Kasaï-Oriental, centre), Alex Kande (Kasaï-Occidental, centre) et Marcellin Chisambo (Sud-Kivu, est).

La plainte, adressée au nom de M. Kabila par son conseiller spécial pour la lutte contre la corruption, le blanchiment et le terrorisme, vise également l'ancien directeur de cabinet du président, Gustave Beya Siku et une quinzaine d'autres personnes, parmi lesquelles d'anciens hauts fonctionnaires.

La plainte dénonce des faits de "corruption", "fraudes" et "détournements".

Elle demande au procureur général de la République d'enquêter sur des allégations de fraude douanière à l'encontre de M. Katumbi, et de corruption à l'encontre des trois autres gouverneurs.

Selon le document, M. Beya Siku, récemment remercié par M. Kabila, se voit reprocher d'avoir empoché des pots-de-vin en échange de l'attribution du marché du raccordement de Kinshasa par fibre optique à Moanda (sud-ouest), point d'arrivée du câble de télécommunication transatlantique.

Aucun des intéressés n'avait pu être joint mercredi soir pour réagir à cette plainte.

Populaire homme d'affaires richissime passé à la politique, M. Katumbi, membre du parti de M. Kabila, fait figure d'éventuel successeur à ce-dernier, au pouvoir depuis 2001.

La Constitution interdit à M. Kabila de se présenter à la prochaine présidentielle prévue pour novembre 2016, mais l'opposition le soupçonne de vouloir se maintenir au pouvoir au-delà de cette date, et demande en vain au chef de l’État d'annoncer publiquement qu'il quittera ses fonctions à la fin de son mandat.

En janvier, alors qu'un conflit larvé opposait MM. Katumbi et Kabila, le gouvernement avait révoqué le chef de la Direction générale des douanes et accises (DGDA) au Katanga en affirmant vouloir ainsi lutter contre la fraude à la frontière de cette province par laquelle transite la quasi-totalité de la production minière du pays.

Mi-mai, une commission d'enquête de l'Assemblée nationale dénonçait le coût exorbitant du raccordement de Kinshasa à Moanda par la fibre optique et les conditions d'attribution de ce marché.

Pays parmi les moins développés de la planète, la RDC est aussi l'un des plus corrompus au monde.

Le procureur général de la République est rattaché à la Cour suprême de justice, habilitée à juger les hauts-fonctionnaires et les élus.

AFP

25 Juin 2015

© Congo Vision


 

 

Une plainte pour corruption de Kabila

Le président congolais a déposé une plainte contre des personnes soupçonnées de corruption et de blanchiment de capitaux.

Le document a été remis mercredi au Parquet général de la République par son Conseiller spécial pour la bonne gouvernance, Luzolo Bambi Lessa.

Quatre gouverneurs de province, un ancien conseiller du président et une quinzaine d'autres personnes, dont d'anciens hauts fonctionnaires, sont visés par cette plainte.

Le richissime gouverneur du Katanga Moïse Katumbi, perçu comme un éventuel successeur à Kabila, est accusé de fraude douanière.

Les trois autres gouverneurs sont quant à eux accusés de corruption.

La plainte a été remise par l'ancien ministre de la Justice, Luzolo Bambi, conseiller spécial du chef de l'Etat pour la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption, le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.

Nommé en mars dernier, Luzolo Bambi avait promis d'agir dans les trois mois contre la corruption.

L'ancien directeur de cabinet du président, Gustave Beya Siku, récemment remercié par Joseph Kabila, est quant à lui présenté comme ayant empoché des pots de vin en échange de marchés liés à l'arrivée du câble de télécommunication transatlantique.

La RDC occupe la 154e place sur 174 pays dans le classement de l'indice de perception de la corruption publié par l'ONG Transparency international.

BBC

25 juin 2015

 


Lutte contre la corruption : Qui surveille le «gendarme» ?

Nommé le 31 mars dernier en qualité de «conseiller spécial du chef de l’Etat en matière de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption», Luzolo Bambi Lessa a déposé mardi 23 juin, à l’office du procureur général de la République (PGR), plusieurs «plaintes» de « Joseph Kabila » contre «la corruption, le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme». Tout en saluant la « volonté » d’éradiquer ce fléau qu’est la corruption, des observateurs restent sceptiques en ce qui concerne les motivations profondes de cette démarche qui intervient à quelques dix-sept mois de la fin du second et dernier mandat de son initiateur. Pour confectionner les récriminations, le conseiller Luzolo s’est fondé sur des «dénonciations» émanant des tiers. Trois questions au moins méritent d’être se posées. Primo : la police judiciaire a-t-elle été associée pour mener une enquête préliminaire afin de rassembler quelques indices matériels avant la transmission des plaintes au PGR?Secundo : Quels sont les critères ayant présidé à la sélection de ces plaintes? Enfin : qui a sélectionné les plaintes? Autre question : qui surveille le « gendarme » en l’occurrence « Joseph Kabila » et les membres de sa famille? Celui-ci aura-t-il le courage de pousser sa logique jusqu’au bout en déférant ses proches devant la justice? La réalité est là : Quatorze années après son accession à la tête de l’Etat congolais, « Joseph Kabila » a accumulé une immense fortune. Une fortune dont il sera bien incapable de justifier l’origine par ses seuls émoluments de chefs de l’Etat. La fratrie «Kabila» (Jaynet, Zoé, Selemani, Sissi etc.), mêmement. Sans omettre, Mama Sifa Mahanya.

«Le chef de l’Etat vient ainsi d’accomplir sa part de responsabilité. A la justice aussi d’accomplir la sienne». C’est la déclaration faite par le juriste Luzolo Bambi Lessa à l’issue de son entrevue avec le procureur général de la République, le kabiliste Flory Kabange Numbi. Le conseiller Luzolo paraît convaincu que les magistrats seront, désormais, tenus à une «obligation de célérité».

La fonction exercée par l’ancien ministre de la Justice n’a pas d’équivalent dans le monde. Conseiller du chef de l’Etat, Luzolo – qui est professeur de droit public à l’université de Kinshasa – sait parfaitement qu’il est avant tout un agent de l’Exécutif. Et qu’il empiète dans le champ de compétence du pouvoir judiciaire. Une confusion de genre génératrice de conflit d’intérêts. Au lieu de renforcer l’efficacité et l’indépendance de l’appareil judiciaire, « Joseph Kabila » préfère la fuite en avant par des structures parallèles qui aggravent le problème au lieu de le résoudre.

Pour récolter les « doléances », « Joseph Kabila » a conçu une sorte de « machine à délation » via l’adresse mail : « jedenonce@gmail.com ». Lors d’un point de presse qu’il a animé le 1er mai, le conseiller Luzolo Bambi s’est étonné face à des études démontrant qu’entre 10 et 15 milliards USD échappent au contrôle de l’Etat alors que le budget national peine à atteindre les 8 milliards USD.

C’est pour cette raison, dira-t-il, que « Joseph Kabila » a décidé de « faire changer la tendance ». Question : à partir de quel moment, l’actuel locataire du Palais de la nation a-t-il pris conscience de ce mal appelé «corruption» ?

Corruption

« Comportement pénalement incriminé par lequel sont sollicités, agréés ou reçus des offres, promesses, dons ou présents, à des fins d’accomplissement ou d’abstention d’un acte, d’obtention de faveurs ou d’avantages particuliers ». Telle est la définition du mot « corruption » en tant que délit. La corruption est dite « active » lorsqu’elle est le fait du corrupteur et « passive » lorsqu’elle est le fait du corrompu.

La Banque mondiale définit la corruption comme «un moyen qu’on utilise pour inciter une personne – généralement un fonctionnaire ou un responsable politique – à agir contre son devoir ». Cette institution de Bretton Woods a élargi ce concept à toute forme d’enrichissement découlant de l’exercice d’une fonction publique. C’est bien cette dernière définition qui nous intéresse.

« Joseph Kabila » et la « lutte » contre la corruption

Dans son allocution d’investiture le 26 janvier 2001, « Joseph Kabila » n’a pas prononcé le mot « corruption ». Il a fait état de sa volonté de « renforcer l’Etat de droit, de consolider la démocratique et la bonne gouvernance, de garantir les droits de l’homme et la justice (…) ». Dieu seul sait si toutes ces promesses ont été honorées.

Durant le régime de transition « 1+4 » (2003-2006), le « raïs » avait les yeux rivés sur l’élection présidentielle et les législatives de 2006. Après sa « victoire » face à Jean-Pierre Bemba Gombo, « Joseph Kabila » a commencé à se soucier de l’image du pays. Un souci très relatif.

En 2008 et 2009, l’ONG Transparency International publie son classement annuel sur la corruption dans le monde. Le Congo démocratique n’a pas bougé du 171ème rang mondial sur 180. Il est attribué au pays un indice de 1,7 sur 10, dans le peloton de queue des nations où la corruption est très élevée. Idem pour le « hit-parade » 2013 et 2014. Notons qu’en 2012, le Congo-Kinshasa a réalisé du « progrès » en occupant la 160ème place sur 176.

Mi-juillet 2009, « Joseph Kabila » entreprit des «réformes» au sein de l’appareil judiciaire. En fait de réformes, plusieurs magistrats ont été promus.
D’autres ont été mis à la retraite ou révoqués d’office.

Dans une lettre circulaire datée du 20 juillet 2009, « Joseph Kabila » invite les présidents des deux chambres du Parlement congolais à «relayer», dans leur secteur respectif, les mesures qu’il a prises en vue de «l’assainissement du secteur de la justice ». En faisant quoi ?

Dans sa missive, il écrit : «Je vous demande de relayer cet élan de restauration de la sanction et de promotion des valeurs positives ainsi que de bonne gouvernance (…), par des actions courageuses appropriées ». Et de poursuivre : « L’abus des biens sociaux, l’enrichissement illicite, le trafic d’influence ainsi que l’obstruction aux poursuites et à l’exécution des décisions judiciaires, par les membres du gouvernement, les députés et sénateurs, les responsables de l’Administration publique, de l’armée, de la police, des services de sécurité, des entreprises publiques, des établissements et autres services publics de l’Etat, devrait à tout prix être combattus et les auteurs
sévèrement sanctionnés ».

Une corruption « combattue » par des mots …

Dans une interview accordée au quotidien bruxellois « Le Soir » daté du 9 au 10 mai 2009, « Joseph Kabila » fait le point des « réalisations accomplies » à mi-parcours de son premier quinquennat. Il évoque longuement les « Cinq chantiers ». « Peut-être faudrait-il aussi relancer un sixième chantier, celui de la lutte contre la corruption, du changement des mentalités ? », lui lance la journaliste Colette Braeckman qui conduisait l’interview. Après avoir reconnu que la corruption n’a pas été « suffisamment combattue » depuis son accession au pouvoir suprême en 2001, il répond : « J’avais d’ailleurs lancé un projet de lutte contre la corruption en espérant qu’il serait financé par beaucoup de ceux qui se disent nos amis». Une allusion à la Banque mondiale, au FMI ainsi qu’au monde occidental. «Mais bientôt au niveau du cabinet du président, poursuivait-il, il y aura un conseiller spécial en charge de la bonne gouvernance, de la lutte contre la corruption. Sa nomination fera partie des changements que je compte opérer d’ici le mois de juin. (…) ». C’était au mois de juin 2009…

Dans son allocution d’investiture le 20 décembre 2011, « Joseph Kabila » prit, dans le cadre de son projet politique dit de «révolution de la modernité», l’engagement de mettre fin « à la complaisance ». Il ajoute : « la corruption et l’impunité sont à bannir ».

Pour boucler la boucle de ce qui ressemble à quelques postures, le Premier ministre Augustin Matata Ponyo a procédé le 9 décembre 2013 à la signature d’un «pacte anticorruption» entre le secteur public, le secteur privé et la société civile. En présence des représentants du corps diplomatique, les signataires se sont engagés à faire triompher à l’avenir les valeurs chères au secteur privé. A savoir notamment : l’intégrité, la bonne gouvernance, le respect et la transparence.

Dans un petit speech, Matata de déclarer que la corruption a « constitué et constitue encore un obstacle à la croissance économique et au progrès». Pas un mot sur les dispositions prises pour éradiquer ce phénomène. Des mots. Rien que des mots.

Qui surveille le gendarme ?

A Kinshasa, il est connu que pour faire voter une loi, « Joseph Kabila » soudoie les députés nationaux. Cela a été le cas notamment en janvier 2011, lors de la révision constitutionnelle ayant réduit à un seul le nombre de tour à l’élection présidentielle.

Au moment où ces lignes sont écrites, on apprenait que le pouvoir kabiliste mènerait une opération « charme » auprès des présidents des groupes parlementaires de l’opposition. Objectif : amener ceux-ci à reconsidérer leur décision de boycotter la session extraordinaire de la Chambre basse en vue de réexaminer la loi sur la répartition des sièges aux élections locales. On le voit, le vote s’achète au Congo démocratique.

En janvier 2010, le sénateur Florentin Mokonda Bonza, président de la Convention des démocrate-chrétiens, s’est étonné du «boom immobilier» perceptible dans la capitale mais aussi à Lubumbashi. « D’où vient l’argent à l’origine de ces investissements alors qu’il n’existe pas de banque de l’habitat ?», s’est-il intetrogé. « Le Congo est aujourd’hui une terre qui accueille tous les mafieux, qui viennent pour blanchir des fortunes qu’ils ont été acquises illégalement ailleurs, a-t-il ajouté. Cela ne se fait pas dans d’autres pays ». Et de souligner que « La mafia peut venir de l’extérieur tout comme elle peut être organisée localement ».

Le Congo démocratique traîne derrière lui la redoutable réputation d’un Etat où les responsables tant gouvernementaux qu’administratifs ont pris l’habitude d’exiger, au vu et au su de tous, un « certain pourcentage » avant d’apposer la signature sur un quelconque document.

L’article 99 de la Constitution oblige le président de la République et les membres du gouvernement à déposer devant la Cour Constitutionnelle la « déclaration écrite de leur patrimoine» avant l’entrée en fonction et dans les 30 jours suivant la fin des fonctions. Qui observe encore cette exigence constitutionnelle dans un pays où la justice est inféodée au pouvoir politique. On assiste impunément à un enrichissement ostentatoire sans cause. La « famille présidentielle » ne brille pas par son exemplarité. Procès d’intention? Nullement!

« Joseph Kabila » a été crédité en juillet 2014 d’une fortune estimée à 15 milliards USD par le journaliste américain Richard Miniter dans le magazine “Forbes”. La révélation avait scandalisé les kabilistes purs et durs. Une chose paraît sûre: grâce à son prête-nom, l’homme d’affaires Dan Gertler, le « raïs » a fait des affaires juteuses en revendant les concessions minières achetées avec une bouchée de pain.

On rappelle qu’en août 2007, le gouvernement congolais approuvait un «contrat de partage de production», signé en date du 7 octobre 2006 entre la RD Congo d’une part et l’«Association» dénommée «Nessergy Ltd-Cohydro» de l’autre. Derrière « Nessergy Ltd », se dissimulait l’incontournable Dan Gertler. Dans un communiqué daté du 23 janvier 2014, l’organisation non gouvernementale Global Witness rapportait que le gouvernement congolais a conclu un accord pétrolier « déficitaire » avec la société Nessergy. Selon Global Witness (GW), l’Etat congolais a racheté des droits pétroliers de la société offshore Nessergy pour un montant « probablement des centaines de fois supérieures au prix payé » par ladite société – soit 500 000 $ US – il y a plusieurs années.

A Kinshasa, les Congolais ont encore frais en mémoire les 36 millions de $US payés à la SNEL par le Congo-Brazzaville et détournés Evariste Boshab, alors directeur du cabinet présidentiel. « On ne prête qu’aux riches », dit l’adage. Le numéro un Congolais est propriétaire de la fameuse ferme de Kingakati dans la banlieue kinoise. Au Katanga, l’homme possède au moins quatre autres fermes. On peut citer notamment : Ferme Espoir, Ferme de Kundelungu et Ferme de Kashamata. Au Nord Kivu, le couple « Kabila » a racheté, dans le territoire de Beni, une concession qui appartenait au défunt homme d’affaires Albert Prigogine, dit Ngezayo Safari. On signale également une « ferme présidentielle » dans la province du Bas Congo dans l’île de Mateba.

Dans la capitale congolaise, les observateurs s’interrogent sur la destination donnée à la « taxe » de 50 $ US encaissée par une société sud-africaine auprès de chaque voyageur en partance pour l’étranger à partir des aéroports de Ndjili et de la Lualo à Lubumbashi.

Mama Sifa Mahanya. Au Katanga, la mère putative du chef de l’Etat se livre au trafic d’influence. Elle fait des « affaires » au poste frontalier de Kasumbalesa. En fait, des commerçants tanzaniens et somaliens importent du carburant en son nom. « Sifa » ne paie aucune taxe. Elle s’est, par ailleurs, arrogé le titre de fournisseur de l’armée et de la police en produits énergétiques.

« Jaynet ». Depuis 2001, cette dame énigmatique trône à la tête de la Fondation Mzee Laurent-Désiré Kabila. Selon des sources gouvernementales, le trésor public congolais verserait chaque année un montant de trois millions de USD à la Fondation. Le tout-Kinshasa parle d’autre part d’un grand centre commercial que Jaynet a construit sur l’avenue du 24 novembre. L’immeuble, doté de plusieurs étages, est évaluée à une dizaine de millions USD. En 2006, la sœur du « raïs », voulait exploiter la mine d’uranium de Shinkolobwe, au Katanga, avec son associé de l’époque, le Zimbabwéen Billy Rautenbach, patron de la société CAMEC (Central African Mining & Exploration Company). La Présidence de la République avait donné son « feu vert ». Le ministre de Mines de l’époque, Ingele Ifoto, s’y était opposé.

Souleymane ou Selemani. Il est directeur à la banque à capitaux gabonais “BGFI”. Et ce, pour le compte de la “famille”.

Selon Le journaliste Richard Miniter, Souleymane « Kabila », est soupçonné d’avoir détourné $300 millions du trésor public.

Zoé. Il a le monopole de la fourniture aux pouvoirs publics des « imprimés de valeur » (plaques d’immatriculation, laisser-passer individuel, passeport, permis de conduire, timbres fiscaux etc.). Il s’est approprié une partie de la concession de l’Athenée de la Gombe où il a érigé un centre sportif privé. Sur le même site, il a bâti un restaurant pour VIP dénommé “O’café”. Les bus qui transportent les voyageurs de l’aérogare de Ndjili au bas de la passerelle appartiendraient à Zoé.

Sissi. C’est l’autre sœur. Elle vit à Lubumbashi avec son compagnon Bakari Juma de nationalité tanzanienne. Le « couple » exploite la mine de Lupoto. Dans un rapport établi par les services de sécurité au Katanga ont attiré l’attention de “la hiérarchie” sur cette situation dramatique au plan humanitaire. Plusieurs personnes avaient trouvé la mort à la suite d’un éboulement.

Qui va surveiller le “gendarme” dans cette lutte contre la corruption? “Joseph Kabila” est mal placé pour donner des leçons. Le risque est grand pour lui d’ouvrir la boîte de Pandore…

Baudouin Amba Wetshi

La Voix d'Afrique au Canada

25 Juin 2015


RDC : Joseph Kabila dépose sa “1ère plainte” contre la corruption au Parquet général

Le chef de l’Etat, Joseph Kabila, a déposé sa première plainte contre la corruption, le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme. Elle a été remise mardi 23 juin au Parquet de la République par le conseiller spécial du Président de la RDC pour la bonne gouvernance, Luzolo Bambi Lesa.

Selon lui, plusieurs plaintes provenant des dénonciateurs dont s’est approprié le Président de la République font état des détournements de deniers publics et de corruption presque dans tous les secteurs de la vie nationale.

« Le Chef de l’Etat vient ainsi d’accomplir sa part de responsabilité. A la justice aussi d’accomplir la sienne », a déclaré Luzolo Bambi.

Ancien ministre de la Justice, Luzolo Bambi a été nommé en mars dernier, conseiller spécial du chef de l’Etat en matière de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption, le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.

En entrant en fonction, il avait promis d’agir et d’en faire le rapport endéans trois mois.

Deux mois après, il avait indiqué que « la corruption est devenue endémique en RDC », et qu’il fallait l’arrêter. Il avait dénoncé une fraude fiscale de quinze milliards de dollars américains, enregistrée au pays chaque année, alors que son budget annuel est de huit milliards.

La RDC occupe la 154e place sur 174 pays parmi les pays les plus corrompus, selon le rapport sur la corruption publié en décembre dernier par Transparency International. Le pays occupait la même position l’année passée.

Radio Okapi


RDC : "J'ai déjà eu affaire à la justice avant" une présidentielle, dit le gouverneur du Katanga

 

(AFP 25/06/15)

Le gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi, qui passe pour un possible candidat à la prochaine présidentielle en République démocratique du Congo, a déclaré jeudi à l'AFP être peu surpris par la révélation de la plainte pour fraude émanant du président Joseph Kabila contre lui.

"J'ai déjà eu affaire à la justice juste avant l'élection présidentielle de 2011", a déclaré M. Katumbi par téléphone à l'AFP de Lubumbashi, capitale du Katanga, riche province minière du sud-est de la RDC.

"Je n'ai pas été officiellement notifié" d'une plainte, mais "le procédé et la méthode ne m'étonneraient pas", a ajouté ce gouverneur populaire de 50 ans, qu'un conflit larvé oppose à M. Kabila.

Le nom de M. Katumbi apparaît dans une plainte pour fraude ou corruption déposée mardi au nom de M. Kabila contre une vingtaine de personnes, dont quatre gouverneurs et son ancien chef de cabinet.

Le document, que l'AFP a pu consulter, a été rédigé par Luzolo Bambi Lessa, conseiller spécial du chef de l’État pour la lutte contre la corruption.

Richissime homme d'affaires passé à la politique, M. Katumbi, membre du parti de M. Kabila, passe pour un possible successeur au chef de l'Etat, au pouvoir depuis 2001, à qui la Constitution interdit de se présenter à la prochaine présidentielle prévue pour novembre 2016.

"Déjà en 2009-2010, le gouvernement congolais avait lancé une procédure judiciaire contre ma famille et moi en Belgique et en Grande-Bretagne", a rappelé M. Katumbi, membre du parti présidentiel.

Le gouverneur du Katanga était alors accusé de trafic d'armes, financement des rebelles et blanchiment d'argent. Ses comptes avaient été saisis et l'affaire s'était terminée par un non-lieu.

"A cette époque, M. Luzolo était ministre de la Justice", a ajouté M. Katumbi. "Dès que je serai saisi officiellement [de la nouvelle plainte], je prendrai mes responsabilités".

L'opposition congolaise et une partie de la majorité soupçonnent M. Kabila de vouloir se maintenir au pouvoir au-delà du terme de son mandat, fin 2016, et de manœuvrer pour repousser la tenue de la prochaine présidentielle.

Depuis des mois l'opposition réclame en vain au chef de l’État d'annoncer publiquement qu'il quittera ses fonctions à la fin de son mandat.

En décembre, M. Katumbi avait mis en garde à mots couverts M. Kabila contre la tentation de vouloir s'accrocher au pouvoir. Il s'est jusque-là gardé d'afficher publiquement ses éventuelles ambitions pour la prochaine présidentielle.


PLAINTE CONTRE DES GOUVERNEURS : CINGLANT DEMENTI CONTRE KATUMBI !

Congo Virtuel

Réagissant aux informations citant, entre autres, certains de ses collègues Gouverneurs de province qui seraient visées par la plainte du Président Kabila pour corruption, le Gouverneur du Nord Kivu, Julien Paluku, a fait part à la presse, jeudi 25 décembre 2015 au Palais de la Nation, du démenti du Chef de l’Etat lors de l’audience qu’il leur a accordée pour lui faire le compte rendu des consultations qu’ils venaient de mener chacun dans sa province.

Parlant au nom de ses collègues, Paluku a déclaré exactement ceci, de la part du Chef de l’Etat : « Il y a une question qui circule sur internet au sujet de certains de nos collègues Gouverneurs qui auraient été assignés – je le dis bien au conditionnel – en justice. Eh bien, en tant qu’homme d’Etat et homme politique, on ne peut pas se fier à des rumeurs. Le Chef de l’Etat a été clair là-dessus : les hommes d’Etat et les hommes politiques ne se fient jamais à des rumeurs, donc il est inopportun de se fier à des rumeurs. Les populations congolaises doivent prendre ça comme des rumeurs et mettre l’ouate dans les oreilles pour ne pas prêter les flancs à ceux qui veulent semer le désordre et la confusion dans les têtes des Congolais. »

Cette réaction vient jeter une nouvelle lumière dans ce dossier qui suscite bien d’interrogations sur le comportement des un et des autres dans une affaire qui, à ce stade, comporte encore tellement de non-dits que la prudence et la réserve seraient les plus indiquées comme attitude. Cependant, à peine annoncée, cette affaire a provoqué une escalade médiatique pour le moins curieux de la part de certains de acteurs politiques. Si Marcelin Cishambo se dit « surpris » et « déçu » et Ngoyi Kasanji Le plus en vue, et dont la sortie provoque des interrogations, n’est autre que Moïse Katumbi Chapwe, jusque-là Gouverneur du Katanga. Et la démarche qui l’a conduit sous les projecteurs est tout aussi suspecte.

Suspecte agitation de Moïse Katumbi

Un compte facebook qui lui est notoirement proche, coraliekiengeshow connue pour son aversion particulière de Kabila et son régime, est le premier à citer quelques noms des personnalités qui seraient visées par la plainte du Chef de l’Etat alors que Luzolo Bambi, qui l’avait déposée, avait déclaré, d’une part, qu’il était trop tôt de citer des noms et, d’autre part, que, selon les procédures judiciaires, les personnes concernées jouissent encore de la présomption d’innocence et qu’il faut laisser s’enclencher les enquêtes judiciaires pour confirmer d’abord les charges. Le site pro-Katumbi énumère donc des noms et s’arrête particulièrement sur celui du Gouverneur du Katanga pour le désigner comme étant, au fait, la vraie personne visée au motif qu’il serait le plus sérieux challenger potentiel de Kabila pour la présidentielle de 2016, faisant ainsi croire que l’action judiciaire viserait à le disqualifier.

S’ensuit une avalanche de productions médiatiques sur le sujet avec cette curiosité que se sont presqu’exclusivement les médias français qui trébuchent sur l’affaire. Tout part d’une dépêche de l’AFP qui cite les mêmes noms tout en disant avoir eu accès, dès le lendemain du dépôt de la plainte, au document d’une vingtaine de page. La dépêche, ainsi que les autres productions médiatiques françaises reviennent, de façon troublante, sur le même commentaire que coraliekiengeshow. Sur son site internet, Jeune Afrique s’empare aussi du sujet et fait parler un « conseiller » de Moïse Katumbi en ces termes : Dans l’entourage du gouverneur sortant du Katanga, on ne se dit « pas surpris » par cette plainte. « Ce n’est pas la première fois que le pouvoir tente de saper l’image de Moïse Katumbi, rappelle l’un de ses conseillers. Déjà en 2010, une plainte avait été déposée à Bruxelles et à Londres par l’État congolais contre Katumbi pour blanchissement d’argent et achat d’armes. La procédure s’était soldée par un non-lieu ».

Et à chaque fois, « c’est toujours Luzolo Bambi, à l’époque ministre de la Justice et aujourd’hui conseiller spécial du chef de l’État, qui est à la manœuvre. Et comme en 2010, le pays se trouve à la veille d’une présidentielle et on soupçonne Katumbi d’avoir des ambitions pour le scrutin », rappelle-t-il. Avant de lâcher : « On dirait qu’ils ont peur que Katumbi brigue la magistrature suprême. »

À en croire ce conseiller du gouverneur, Katumbi est « serein » et attend que soient officiellement signifiées les accusations portées contre lui. « Il sait que c’est lui qui est visé : c’est lui le plat principal et les autres personnes citées ne sont que la garniture », explique-t-il, soulignant toutefois que le gouverneur du Katanga se dit « prêt à prendre ses responsabilités. »

48 heures plus tard, soit hier jeudi 25 juin 2015, c’est Moïse Katumbi en personne qui intervient et qui, curieusement, tient les mêmes propos que son mystérieux conseiller en utilisant curieusement presque les mêmes mots et les mêmes phrases. L’AFP et RFI rapportent, en effet, ses propos en ces termes : "Déjà en 2009-2010, le gouvernement congolais avait lancé une procédure judiciaire contre ma famille et moi en Belgique et en Grande-Bretagne", a rappelé M. Katumbi, membre du parti présidentiel.

"A cette époque, M. Luzolo était ministre de la Justice", a ajouté M. Katumbi. "Dès que je serai saisi officiellement [de la nouvelle plainte], je prendrai mes responsabilités".

Fuite en avant ou stratégie de positionnement ?

Au regard du démenti de Kabila via Paluku et de toute l’agitation médiatique ci-haut décrite, que faut-il retenir du comportement de Moïse Katumbi ? Depuis son retour des soins, Katumbi s’est distingué par un discours anti-kabiliste, lui qui en était un des fervents. D’aucuns croient qu’il aurait entamé des manœuvres pour se positionner en vue de la prochaine présidentielle. Cela n’étonnerait pas, puisque tous ceux qui ont choisi de se séparer du Président Kabila procèdent tous par la même stratégie pour changer leur vie politique en devenant opposant : ils jouent tous à la victimisation.

Mais avec Joseph Kabila, Moïse Katumbi a, manifestement, du mal à prendre pied pour ainsi bondir. En effet, à chacune de ses offensives, il ne rencontre que de l’indifférence qui l’empêche de réaliser son dessein. De son discours sur les trois penalties à cette nouvelle agitation médiatique, il a ouvertement du mal à abattre sa dernière carte, préférant agir par des intox sur la toile.

Joseph Kabila a tous les moyens officiels pour frapper. Il a, par exemple, la prérogative de limoger un Gouverneur de province, mais il ne le fait pas contre Katumbi, alors qu’il a tous les prétextes objectifs avec lui. La raison est simple : Joseph Kabila est un homme d’Etat.

Yvon RAMAZANI


 
 
Copyright © 2015 Congo Vision. Tous droits réservés.