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Processus électoral en République Démocratique du Congo

L'UDPS : Exclusion ou auto-exclusion ?

mercredi 19 juillet 2006 Herman Bangi Bayo (AEM)

Au moment où le processus électoral s'engage dans sa dernière ligne droite, les voix s'élèvent pour une énième concertation afin de sécuriser la tenue des élections. Chose la plus louable, mais là où cette démarche pèche, c'est lorsqu'on évoque la réouverture des bureaux d'enrôlement pour ceux qui avaient boycotté le processus et également l'inclusion des membres de l'UDPS dans la Haute autorité de médias ainsi que dans la Commission électorale indépendante, les institutions dont ce parti avait refusé de faire partie. L'on se demande aujourd'hui si l'UDPS n'est pas victime de sa politique de chaise vide.

Le processus électoral a atteint sa vitesse de croisière avec le démarrage de la campagne électorale malgré l'annonce de la tenue des concertations entre les acteurs politiques pour la sécurisation des élections. L'une des revendications de l'Union pour la Démocratie et le Progrès Social ( UDPS ) est son inclusion dans ledit processus électoral alors que ce parti politique avait lancé le mot d'ordre de le boycotter en demandant aux Congolais de ne pas s'enrôler et de voter non au projet de société proposé par le Gouvernement.

Avant la fin de la transition, le 30 juin 2006 conformément à l'accord global et inclusif de Sun City, les voix s'étaient élevées pour réclamer la tenue des concertations politiques parmi lesquelles celles de l'UDPS, du MLC, du RCD et d'autres regroupements politiques. En étant d'accord sur le principe de la tenue des concertations, les tenants de cette thèse avaient des agendas différents. Certains rassuraient qu'il ne serait jamais question de prolonger la transition et encore moins d'une éventuelle formation d'un nouveau gouvernement. D'autres insistaient sur la sécurisation des élections par l'adoption d'un calendrier consensuel de toute la classe politique congolaise.

Curieusement, après l'accord de principe de la tenue des élections, l'UDPS, qui avait boycotté le processus, veut y adhérer en demandant la réouverture des bureaux de vote pour l'enrôlement de ceux qui avaient refusé de le faire et d'inclure les membres de ce parti à la Commission Électorale Indépendante ( CEI ) et à la Haute Autorité des Médias ( HAM ).

Vouloir les intégrer alors que l'UDPS avait refusé toute offre pour faire partie du Gouvernement, du Parlement et des institutions citoyennes mises en place, qui sont entre autres la CEI et la HAM, c'est demander quelque chose et son contraire.

En plus, ouvrir encore les bureaux de vote pour ceux qui ne s'étaient pas fait enrôler nécessite des moyens logistiques considérables et a également des incidences financières. Et avec la confection des listes électorales et l'impression de bulletins de vote, inclure les absents revient à dire qu'il faut refaire les listes et réimprimer les bulletins de vote.

Aujourd'hui ceux qui ont financé ces processus ne sont pas prêts pour refaire ces opérations qui engendreraient des coûts financiers et un réajustement supplémentaire du calendrier.

Depuis près d'un quart de siècle , l'UDPS lutte pour l'instauration de la démocratie et d'un État de droit sans y parvenir. Voici plus de 15 ans que le multipartisme a été instauré en RDC, et que le parti d'E. Tshisekedi n'arrive pas à conquérir ou à se joindre aux tenants du pouvoir. Est-il toujours victime de l'exclusion ou de sa propre politique d'auto-exclusion ?

On se souviendra comment Etienne Tshisekedi a été nommé à trois reprises Premier ministre et révoqué autant de fois également. Ensuite, l'UDPS avait refusé d'intégrer les institutions de la transition issues de Sun City. Enfin, les dirigeants de l'UDPS avaient lancé le mot d'ordre de boycott de l'enrôlement et ont mené la campagne contre le projet de constitution soumis aux Congolais par référendum.

En démocratie, chacun est libre de s'enrôler ou pas, de voter ou pas et il doit assumer son choix. L'UDPS a choisi de boycotter le processus électoral en cours ; il doit par conséquent assumer son choix jusqu'au bout, c'est-à-dire de ne pas participer aux élections issues du processus d'enrôlement qu'il avait boudé.

Aujourd'hui, l'UDPS est victime de sa propre politique, celle de tout ou rien et de ses stratégies de la chaise vide, de sit-in, villes mortes, marches de contestation etc. qui jusque-là ne lui ont pas réussi.

Il est évident que l'UDPS a raté le train du processus électoral en cours suite à son auto-exclusion. Cela a profité à la coalition au pouvoir,lui permettant- du coup- de se positionner afin de le conserver faute d'adversaires crédibles.

La cause défendue par l'UDPS a toujours été juste, noble et louable, mais il pèche par des stratégies adoptées qui jusque-là ont permis aux tenants du pouvoir de se maintenir en usant la supercherie et la démagogie car aucun de ces gouvernements qui se sont succédé, n'a pu améliorer le bien-être du peuple congolais. Au contraire, ils se distinguent par l'aliénation du patrimoine national et l'enrichissement illicite avec la complicité des instances judiciaires.

Tenu en marge du processus électoral en cours, quel rôle jouera -t-il sur l'échiquier politique congolais ? Continuera-il avec ses actions traditionnelles c'est-à-dire des marches, des sit-in, des villes mortes ou jouera-t-il le rôle classique d'un parti d'opposition ?

| De Kinshasa, Herman Bangi Bayo (Afriqu'Echos Magazine)

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