RDC : des médecins arrêtés après le meurtre d'un membre de l'OMS
08 AOÛT 2019
Mise à jour le08 août 2019 à 18:59par Lucie Monier-Reyes, Loup Bureau
En avril 2019, Richard Mouzoko, épidémiologiste camerounais travaillant pour l'OMS, mourait dans l'attaque de l'hôpital de Butembo, au nord-est de la République Démocratique du Congo. Près de quatre mois plus tard, la justice congolaise annonce l'arrestation de trois médecins congolais soupçonnés d'être impliqués dans son assassinat. Leurs confrères menacent de faire grève.
Un ultimatum de 48 heures "sans condition aucune sous peine d'une grève sèche dans toutes les structures de la ville de Butembo et ses environs sans oublier les centres de transit et de traitement de la maladie à virus Ebola"... C'est ainsi que l'ordre local des médecins exprime son indignation après l'arrestation de trois médecins à Butembo ce mardi 6 août.
Dans une lettre adressée au maire de la ville, les signataires exigent la remise en "liberté provisoire" de trois de leurs confrères accusés par la justice congolaise d'être impliqués dans l'assassinat du Dr Richard Valery Mouzoko Kiboung. Cet épidémiologiste camerounais travaillant pour l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) avait été tué lors d'une attaque de milices contre une équipe de lutte contre Ebola, dans l'est de la RDC.
Il aura fallu plus de trois mois d'enquête et l'interpellation de 54 personnes pour arriver à l'arrestation de ces trois médecins. Selon nos sources, 24 prévenus ont reconnu les faits. Quatre chefs miliciens ont donné les noms de médecins qui ont conduit ses arrestations. Au total trois praticiens sur quatre ont été arrêtés, le quatrième serait à l'étranger.
Pour le procureur militaire, le lieutenant-colonel Jean-Baptiste Kumbu Ngoma en charge de cette affaire, les médecins "sont parmi les auteurs moraux" de l'attaque du 19 avril 2019. Poursuivis "pour "terrorisme, association de malfaiteurs", ils sont accusés d'avoir tenu des réunions "pour projeter l'assassinat du docteur Richard Mouzoko" quatre jours plus tôt.
L'affaire est particulièrement sensible pour les autorités congolaises. Car cette fois-ci, des équipes étrangères ont été visées. Sous couvert d'anonymat, des sources gouvernementales évoquent la méfiance des populations locales envers ces médecins venus de l'extérieur du pays.
© TV Monde/Afrique
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Trois médecins soupçonnés du meurtre d'un épidémiologiste de l'OMS en RDC
Agence France-Presse
Publié le 7 août 2019
La justice congolaise a affirmé mercredi détenir trois des quatre médecins congolais accusés d'être impliqués dans l'assassinat en avril d'un épidémiologiste camerounais de l'OMS dans une attaque de milices contre une équipe de lutte contre l'Ebola, dans l'est de la République démocratique du Congo.
Ces médecins sont poursuivis pour « terrorisme, association de malfaiteurs », a déclaré à l'AFP le lieutenant-colonel Jean-Baptiste Kumbu Ngoma, procureur militaire de Butembo (Nord-Kivu).
Ils sont accusés d'avoir tenu des réunions en date du 14 avril 2019 pour projeter l'assassinat du Dr Richard Mouzoko, épidémiologiste de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), a-t-il ajouté.
Il s'agit des docteurs Hippolyte Sangala Kisako, Aurélien Luendo Paluku et Gilbert Kasereka.
Parmi ces médecins, « trois sont en détention », a déclaré le procureur, ajoutant que d'autres personnes, dont au moins une femme, sont également détenues dans cette affaire.
Un quatrième médecin, le Dr Mundama Witende, est hors du pays, selon un de ses confrères.
Interrogé par l'AFP, Me Jean-Guelord Kizito Poipo, avocat du Dr Sangala, a confirmé la détention de son client.
«[Mardi], les trois médecins ont été appelés à se présenter pour une dernière confrontation. Notre client a dit qu'il n'a jamais participé à une telle réunion. »
Me Jean-Guelord Kizito Poipo
Pour le procureur, les médecins « sont parmi les auteurs moraux » de l'attaque qui a coûté la vie au Dr Richard Valery Mouzoko. Je les ai interpellés, je les ai interrogés sur procès-verbal et j'ai fait des confrontations, a-t-il dit.
Le Dr Richard Valery Mouzoko Kiboung a été tué le 19 avril dans une attaque d'hommes armés contre l'hôpital universitaire de Butembo, où il présidait une réunion avec les membres de l'équipe de riposte contre Ebola.
Dans une lettre datée du 6 août adressée au maire de la ville de Butembo, l'ordre local des médecins a exprimé « son indignation face à l'arrestation » de ces médecins et exigé leur mise en « liberté provisoire ».
« La corporation donne un ultimatum de 48 heures pour leur libération sans condition aucune sous peine d'une grève sèche dans toutes les structures de la ville de Butembo et ses environs sans oublier les centres de traitement de la maladie à virus Ebola,» peut-on encore lire dans cette lettre, consultée par l'AFP.
Pas de liberté provisoire
«Hors de question de les mettre en liberté provisoire. Ils ont été pointés du doigt de manière très claire dans l'assassinat du Dr Richard et l'attaque du CTE (centre de traitement d'Ebola) de Butembo,» a dit le procureur militaire.
«Le problème est délicat. Comme il y a eu mort d'homme, nous devons absolument avoir la vérité sur ce qui s'est passé,» a estimé le professeur Jean-Jacques Muyembe, coordonnateur de la riposte contre l'Ebola en RDC, interrogé par l'AFP.
La République démocratique du Congo lutte depuis une année contre une épidémie de fièvre hémorragique qui a déjà fait plus de 1820 morts, essentiellement dans les régions rurales de Beni, Butembo-Katwa (Nord-Kivu) et en Ituri.
Depuis mi-juillet, une dizaine de cas, dont deux morts, ont été enregistrés dans la ville de Goma, la capitale du Nord-Kivu. La région est un repaire de nombreux groupes armés locaux et étrangers depuis 25 ans.
La présence des milices a compliqué les actions de prévention avec des attaques des CTE à Butembo et à Katwa.
© Agence France-Presse