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INTERVIEW AVEC MONSIEUR OSCAR NGALAMULUME, PRESIDENT DE LA CIDES

Congo Vision reçoit en exclusivité Monsieur Jean-Oscar Ngalamulume, Président de la Convention des Institutions Démocratiques et Sociales " CIDES ", opposant de longue date au régime déchu de Mobutu, vivant actuellement aux Etats-Unis d'Amérique.

I. Cursus universitaire

Congo Vision: Monsieur Ngalamulume, vous avez un cursus scolaire assez brillant. Voulez-vous vous présenter au grand public?

O. Ngalamulume: N'exagerons pas, soyons modeste - un cursus scolaire assez brillant serait exagérer, je ne suis qu'un simple économiste comme tant d'autres au Congo. Diplomé d'études supérieures spécialisées en stratégie de la défense et sécurité militaire. Auteur de plusieurs publications sur la politique économique de notre pays, c'est tout.

II. Politique

Congo Vision: Vous sentez-vous un homme politique ou un homme investi d'une mission spéciale?

O. Ngalamulume: Je suis ce Congolais, fils du pays soucieux de voir les filles et fils de notre pays reconciliés, de voir les Congolais qui se parlent en face franchement, sans detour et sincèrement sur le devenir de l'intérêt supérieur de la nation. Je suis le fils du pays qui aimerait voir le grand Congo retablir ses équilibres économiques rompus et reprendre la place qui lui revient dans le concert des grandes nations. Si c'est cela que vous dîtes "etre investi d'une mission spéciale", celle de contribuer au retablissement de l'ordre institutionnel et économique du pays pour la paix du ventre, de l'éducation positive, de la santé, de l'eau potable etc…; oui, je le suis.

Congo Vision: La meilleure façon de servir son pays est-ce de briguer un poste ministériel?

O. Ngalamulume: Je ne pense pas qu'un poste ministériel soit un facteur dénominateur pour servir son pays. D'ailleurs, pour être sincère avec vous, c'est par erreurs et puis par défi, et après par conviction que je suis dans la politique. Par erreurs, parce que j 'ai été entrainé par quelqu'un qui n'avait pas de conviction, en France, à Paris vers les années soixante seize. Par défi, parce qu'après avoir pris conscience du danger que représentait le régime de Mobutu, j'ai été déçu par le retour de mon maître à penser, Cleophas Kamitatu qui avait succombé aux charmes de Mobutu. Par conviction, parce que la CIDES, le Parti politique auquel j'appartiens, a un contrat de bonne gouvernance qu'il propose aux Congolais, par voie électorale, afin de sortir le pays du gouffre.

Congo Vision: Comment comptez-vous concilier vos obligations professionnelles avec votre vie politique?

O. Ngalamulume: Le Congo nous a tous vu naître et grandir. Autrement dit; ce que nous ne ferons pas pour notre pays, personne d'autre ne le fera à notre place. De ce fait, pendant cette période de l'histoire menacée; je suis plus attiré par le devenir politique, économique et social du peuple congolais que mon devenir personnel, en tant qu'individu.

Congo Vision: Après la non applicabilité de l'accord de Sun City, une certaine presse vous a présenté comme alternative à Jean-Pierre Mbemba au poste de premier ministre. Comment expliquez-vous cet engouement autour de votre nom?

O. Ngalamulume: Les Congolais ont une politique de l'intéressé désintéressé. C'est en tenant compte des réalités politiques en face, qui sont des faits réels et non relatifs depuis l'indépendance, que la majorité des nos compatriotes souhaitent une transition politique avec un Prenier ministre non conflictuel, ayant un bon projet de bonne gouvernance, afin de relever les ruines et reconstruire le pays. En effet, une chose demeure certaine, même si Jean-Pierre Mbemba n'a pas compris qu'il lui appartenait en tant que Premier ministre nommé ou choisi, de venir à Kinshasa et ouvrir le dialogue avec d'autres partenaires politiques, quelques politiciens au pays ont utilisé mon background dans le but de casser ce dernier. De toute manière, le réalisme politique avait conduit l'opinion majoritaire de Congolais observateurs, à penser que celui qui est juste dans les moindres choses l'est aussi dans les grandes.

Congo Vision: Les troupes rwandaises et ougandaises ont partiellement quitté le territoire congolais. Que vous inspire ce retrait?

O. Ngalamulume: Il est réel ce retrait, par ailleurs, les politiciens congolais qui ont souvent peur des élections libres n'ont pas la capacité de s'organiser en tant que peuple, et en tant que nation. La CIDES appele de ses vœux l'ONU, afin de nous aider à mettre en place les institutions devant garantir la paix durable, le retablissement de l'ordre économique et les élections libres et démocratiques rapidement.

Congo Vision: Existe t-il une classe politique au Congo? Si oui, quel regard portez-vous sur elle?

O. Ngalamulume: De peur d'être désagréable à ce sujet, je préfère vous laisser seul, le soin de répondre à cette question. Loin d'apporter des solutions aux problèmes de fond, la classe politique congolaise a tout simplement introduit l'anarchie. Quelle tristesse pour un grand pays comme le nôtre.

III. Economie

Congo Vision: Tous les indicateurs macro-économiques qui attestent de la vitalité d'une économie sont aujourd'hui au rouge. Avez-vous des pistes de solution pour relever cette économie?

O. Ngalamulume: Depuis le début du dernier siècle, les missions de l'Etat moderne, c'es-à-dire un Etat de droit, se sont de plus en diversifiées, en entrainant ses objectifs vers une croissance économique qu'il doit atteindre. Cette croissance économique est dans une large mesure fonction de l'investissement, mais la composante la plus appreciée de l'investissement, c'est le Capital. La question que nous devons nous poser aujourd'hui, n'est-elle pas celle de savoir si notre pays a la capacité d'auto-financer ses investissements.

Congo Vision: Qu'entendez-vous par l'auto-financement?

O. Ngalamulume: C'est le prélèvement d'une partie de ses avoirs personnels (épargne) pour financer ses investissements. Mais, avant d'épargner, il faut avoir produit et commercialisé. Et avant de produire, il faut toujours avoir le Capital. Qu'il s'agisse de l'accumulation primitive décrite par Marx au 19ème siècle, ou le développement récent des sociétés multinationales, le Capital public ou privé a toujours besoin de l'existence des institutions de la République, capables de garantir les mécanismes économiques. S'il faut tenir compte des réalites politico-économiques actuelles, la République Démocratique du Congo doit, en premier lieu se doter d'un cadre juridique, c'est-à-dire institutionnel devant garantir la paix durable et les mécanismes économiques.

Congo Vision: Quelles sont pour vous les axes économiques prioritaires?

O. Ngalamulume: Dans le but de créer les conditions favorables à la stabilité économique, de guider le développement afin de rendre la confiance et l'espoir au peuple, l'Etat congolais doit

[1] Renforcer le contrôle de l'affectation du capital emprunté pour la production; il doit

[2] Réaménager les facteurs de la production; il doit enfin

[3] Favoriser la division équilibrée du travail et du revenu national dans le but de permettre la meilleure consommation.

Congo Vision: Peut-on s'attendre à une création massive d'emplois pour des milliers de Congolais qui sont à la traîne depuis quatre décennies?

O. Ngalamulume: La CIDES peut, à travers son projet de bonne gouvernance, reinventer et améliorer le rôle de l'Etat moderne décentralisé, l'Etat de droit qui a pour mission; le retablissement de l'ordre économique, c'est-à-dire la création des services et d'emplois.

Congo Vision: Est-il possible de gérer la RDC dans la transparence? Certains domaines semblent échapper à la comptabilité nationale.

O. Ngalamulume: En vertu de principes de la libre détermination des peuples, la République Démocratique du Congo peut offrir aux Congolais des nouvelles institutions fondées sur l'idéal commun qui est la liberté d'égalité de chance, devant la loi sans aucune distinction ethnique, de race ou de religion.

Ainsi, tout titulaire d'un mandat représentantif devrait, avant d'assumer telle ou telle fonction, faire une déclaration de sa situation patrimoniale, selon les conditions prévues par la constitution. En réalité, la transparence doit être garantie par l'ordre institutionnel, c'est-à-dire la loi de la République et non par des individus.

Congo Vision: Quelles sont les solutions que vous préconisez pour l'aménagement du territoire et du secteur de mines?

O. Ngalamulume: Personne ne me contredira si je confirme que depuis longtemps, le secteur de l'industrie minière a toujours contribué au produit intérieur brut (PIB) de l'Etat congolais.

Quant aux membres de la CIDES, nous pensons que la dépendance de l'Etat au secteur minier est une mauvaise politique et favorisons la privatisation de ce dernier. La CIDES propose un code d'investissment favorable aux investisseurs privés, l'Etat doit, minoritairement participer dans les sociétés d'exploitation minière qui viennent investir au Congo. En effet, l'exploitation des ressources minières devrait être l'affaire de l'entrepreneur privé qui versera la part de l'Etat en payant ses taxes et ses impôts.

Congo Vision: Sur le plan économico-financier, votre Parti offre des garanties à la Communauté financière internationale. Voulez-vous être plus explicite?

O. Ngalamulume: Pendant plus de trente années d'exile, c'est une durée considérable pour se faire connaître. Les relations tissées dans les milieux politico-économiques ont eues non seulement le temps de nous observer, mais aussi d'apprécier à juste valeur, au fur et à mesure la construction du projet de bonne gouvernance de la CIDES intitulé: A Principled Approach to Governing Congo . Aussi, faut-il vous rappeler que le premier role de chaque investisseur c'est avant tout le profit, même ceux de nos villages. Les financier sont fruleux et réflechissent mille fois avant d'apporter leur Capital dans n'importe quel coin du monde; donc, il faut les connaître pour les convaincre.

IV. Education

Congo Vision: Tous les spécialistes reconnaissent que l'enseignement congolais traverse une passe difficile. Quel est votre projet dans ce domaine?

O. Ngalamulume: Toute question éducationnelle, économique, sociale ou la culturelle est avant tout politique. De ce rappel, il importerait, par certaine considération d'ordre logique, de poser le problème en terme original que spécifique. Il faut donc avoir le courage d'attaquer le mal à la source; c'est-à-dire, créer un cadre institutionel en premier lieu, dans le but de garantir les mécanismes économiques, sociaux, culturels et educationnels.

Pour ce faire, la CIDES pense sincèrement que le moment est venu pour que nous cessions de nous attribuer éternellement les fautes du passé, celles qui favorisent la division et renforcent la position de ceux qui violent, tuent et spolient les Congolais.

Dans la situation actuelle qu'est ce que nous devons faire? S'il faut tenir compte des réalités sociales, politiques et économique en face, l'impulsion et la dynamique que nous devons imprimer au changement politique gravitent autour d'une seule idée mageure qui est la "réconciliation nationale", seule capable de servir de tremplin, dans l'amour, vers la normalisation des institutions démocratiques.

Congo Vision: Peut-on imaginer un salaire minimum qui permette aux enseignants de vivre décemment?

O. Ngalamulume: Le revenu de l'Etat vient des taxes et impôts pour payer les fonctionaires et réaliser les grands travaux publics. Pour qu'il y ait des impôts et des taxes, il faut qu'il y ait des travailleurs surtout dans le secteur privé. Qui crée l'emploi? C'est l'investisseur qui apporte son Capital là où les institutions de la République garantissent les mécanismes économiques. Il faut avoir le courage d'attaquer le problème à la source.

Congo Vision: Les technologies de l'information et de la communication restent inaccessibles au monde éducatif. Comment faut-il combler la fracture numérique qui s'est creusée entre le Congo et le reste du monde?

O. Ngalamulume: Comme je viens de vous le dire, il faut attaquer le mal à la source. Toutes les politiques de reconstruire le pays non accompagnées d'une politique d'ajustement structurel interne à moyen et à long terme sont vouées à l'échec. Il en est de même pour tout programme de développement entouré d'un environnement macroéconomique pathologique.

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Propos recueillis par Dr. Macaire Munzele Munzimi, Représentant de Congo Vision à Bruxelles et Vice-Président de Congo Vision .

08 Octobre 2002

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