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PROJET EMPHYTEOSE MOANDA : l'autre face de la médaille

Par  José MABUELAMA - NIEMBA KUMBU
E- mail : mabuelama_nkj@yahoo.fr

- Licencié en Relations Internationales de l'Université de Lubumbashi

- Coordinateur de Programmes du Groupe de Recherches et d'Actions pour un Développement Intégré des Communautés de base – GRADIC-,

A ssociation S ans B ut L ucratif dotée de la Personnalité Juridique

- Président du Bureau de Coordination Provinciale et 2ème Vice-président du Bureau de Coordination Nationale de la Société

Civile/Forces Vives de la RD- Congo

AVRIL 2005

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I. INTRODUCTION  : DEFINITION DES TERMES

1) Projet

Le mot Projet qui est abondamment utilisé dans tous les domaines de la vie humaine veut simplement dire ‘' ce que l'on a l'intention de réaliser ''.

Les ‘'Croyants'' considèrent que le monde est un projet de Dieu qu'il a réalisé en six étapes (jours selon le langage voilé de la Bible). La dernière étape a consisté à créer ‘'l'homme à son image et sa ressemblance'' et c'est à lui qu'il céda la possession de la terre – de son projet.

La Bible nous renseigne que la terre n'a pas été le seul projet de Dieu ; il en a eu aussi d'autres en faveur du peuple ‘'élu''. Dans Jérémie 29 :11 Dieu dit aux enfants d'Israël : ‘' Car, je connais les projets que j'ai formés pour vous, projets de bonheur et non de malheur pour vous donner de l'avenir et de l'espérance ''.

2) De la classification des projets

L'essentiel que nous pouvons retenir ici c'est qu'en fonction des objectifs visés, un projet peut avoir une vocation sociale, économique, culturelle, commerciale, humanitaire .. ou de développement communautaire .

Par ailleurs, un projet peut viser un ou des objectifs principaux et un ou plusieurs objectifs secondaires .

Un projet visant principalement la réalisation des profits financiers ou matériels peut comporter quelques petits aspects sociaux ou culturels ( le cas de VODACOM qui affecte un petit pourcentage de ses profits à des activités sociales ou culturelles ) . De même, un projet à vocation sociale, culturelle ou de développement communautaire peut comporter quelques aspects financiers ( c'est le cas d'une Association Sans But Lucratif qui, aux termes de la Loi 004/2001 sur les ASBL et les Ets d'Utilité Publique, ne peut se livrer à des opérations commerciales ou industrielles qu'à titre secondaire, est autorisée à réaliser des revenus financiers ) ; à la différence que, dans le deuxième cas, les bénéfices réalisés doivent être investis dans la réalisation des objectifs sociaux alors que dans le premier cas les bénéfices réalisés sont soit réinvestis dans l'expansion du projet ou redistribués sous forme de dividendes aux actionnaires .

Or, il se fait justement que le Projet ‘'Emphytéose Moanda'' n'est ni un projet à vocation sociale, culturelle, humanitaire ou de développement communautaire du genre de ceux financés par le Bureau Central de Coordination - BeCeCo/Banque Mondiale, le Programme des Nations – Unies pour le Développement – PNUD - à travers son Service des Projets l'UNOPS, la Coopération Technique Belge – CTB -/Appui aux Initiatives Locales de Développement/Appui au Secteur Santé ou Routes Rurales ou l'Organisation

Mondiale pour l'Alimentation et l'Agriculture - FAO - et tant d'autres Agences des Nations – Unies, et moins encore un projet du genre ‘'Projet de Développement Rural au MAYUMBE'' – PDRM – financé par l'Agence Canadienne de Coopération au Développement à travers l'ONG Canadienne Jeunesse du Monde. Il est essentiellement un projet à vocation financière , c'est-à-dire dont la finalité est de procurer aux actionnaires des bénéfices financiers et cela pour eux mêmes et leurs familles, bref c'est du commerce international de l'argent par les multinationales avec tout ce que cela comporte.

3) Emphytéose .

Selon le Petit Larousse illustré, une ‘' emphytéose '' est un ‘' Bail à long terme que confère un droit d'hypothèque ( droit réel qui garantit le créancier sans déposséder le propriétaire ). Dans le cas d'espèce ce bail est de 99 ans, soit près d'un siècle. Hong Kong, Shanghai, Macao… sont les exemples d'emphytéoses connus dans l'histoire de l'humanité et auquel pourrait ressembler l'Emphytéose Moanda au cas où elle arrivait à être concrétisée.

Des emphytéoses à échelle réduite existent depuis l'époque coloniale dans notre contrée en particulier et notre pays en général, mais beaucoup plus comme ‘' concessions à des fins d'exploitation agro-industrielle, d'élevage ou d'exploitation minière ''. Dans le Bas-Congo nous connaissons encore des Sociétés qui exploitent des concessions presque à titre perpétuel puisqu'à la fin elles sont presque renouvelées de manière automatique sans aucun acte juridique au regard des activités qui y sont exploitées et sans contrepartie significative en faveur des anciens ‘' ayant droits'' .

Le projet ‘' Emphytéose Moanda '' part du postulat selon lequel les réserves pétrolières mondiales seraient épuisées dans 50 ans et que, par conséquent, il faudrait déjà prévoir des énergies de substitution, parmi lesquelles l'hydrogène. Le site d'Inga dans la Province du Bas – Congo offrirait toutes les conditions pour produire l'hydrogène. Plus que cela, le projet s'intéresse aux ressources naturelles que regorge la zone ciblée qui englobe toute la rive droite du Fleuve Congo ( MOANDA, BOMA, BAS - FLEUVE et LUOZI).

II. L' AUTRE FACE DE LA MEDAILLE

L'autre face de la médaille est ce que l'on appelle le ‘' revers de la médaille '' – côté d'une chose opposé au côté principal ou à celui qui se présente

d'abord ( en langage vulgaire ) ou ‘' événement malheureux qui transforme une situation '', au sens figuré.

En d'autres termes, il s'agit de présenter ici les effets non prévus en tant que conséquences néfastes qui résulteraient de la réalisation du projet Emphytéose Moanda , ceci dans le seul souci d'aider notre peuple à voir les choses avec un esprit critique nécessaire pour éviter de se faire emballer dans une histoire dont il ne maîtrise ni les tenants ni les aboutissants ni les intérêts certainement cachés des initiateurs, qui sont jusque-là inconnus.

Il est à tout à fait vrai que le projet va permettre, dans la meilleure des choses, à favoriser la création d'une zone de développement industriel. Mais à la question de savoir à qui profitera réellement ce développement ou en quoi les populations autochtones bénéficieront de ce développement, les disciples répondent aisément que ce serait bien à toute la population, ce qui doit encore être démontré par des indicateurs objectivement vérifiables en terme de revenus réels per capita ( par tête d'habitant ).

Vu du côté de la majorité des habitants de la zone convoitée, des effets négatifs de la réalisation du projet se situent à huit niveaux : identitaire, accès à la terre, social, économique et commercial, politique, géo stratégique et de l'intégrité du Territoire Congolais .

1°- Au niveau identitaire.

Vu que le projet va créer un ‘' Etat dans un Etat '', les populations vivant dans la zone concernée ne feront plus partie de la RD- Congo mais ne feront pas non plus partie d'un Etat quelconque, l'emphytéose étant un bail. La conséquence la plus plausible est que les populations de MOANDA, BOMA, BAS – FLEUVE et LUOZI ne s'identifieront plus à une nation congolaise même si celle-ci fait encore l'objet d'une controverse entre les congolais eux-mêmes . Ayant perdu leur identité et donc leur dignité d'hommes libres, les populations de la zone du projet seront simplement réduits à des conditions pas différentes de celles d' ''esclaves apparemment riches' '.

Au moment où tous les hommes de la planète terre, notre village commun nous cédé par le Créateur, aspirent à la démocratie, au développement et à la liberté sous toues leurs formes, le Projet Emphytéose Moanda aura pour conséquence de nous ramener à un état de sous hommes que nous étions avant l'arrivée des blancs, ce qui serait ni plus ni moins une injure grossière au peuple congolais tout entier .

La perte d'identité constitue ainsi la première conséquence négative du projet.

Plus que cela, si à l'époque de l'industrialisation des Amériques, l'Afrique servait de réservoir de la main d'œuvre bon marché, ce qui a justifié la pratique maintenant décriée de commerce d'esclaves. Aujourd'hui, le besoin d'industrialisation veut qu'on trouve encore la main d'œuvre bon marché là où il y a les potentialités à exploiter pour le seul intérêt des investisseurs. Donc de la même manière que les Africains ont ‘'vendu leurs frères'' pour servir d'ouvriers dans les plantations de canne à sucre, de la même manière un groupe de malins congolais fait éloge d'un projet non seulement de vente de leurs frères mais aussi d'expropriation pure et simple des terres de ceux-ci .

Chasser le naturel, il revient au galop et c'est vraiment le cas de le dire.

2°- Au niveau de l'accès à la terre.

Les effets pervers de l'industrialisation du MAYUMBE et bien d'autres parties de la RD- Congo démontrent clairement que les habitants de la zone convoitée seront dépossédés de toutes les terres arables pour être confinés sur des terres de mauvaise qualité .

A KIDIMA et autres villages situés sur la zone des Grands Elevages, à NGANDA SUNDI, à KWILU NGONGO, KOLO FUMA, dans le Sud Kivu où la Société Allemande PHARMAKINA a occupé les plus bonnes terres et ailleurs , le non accès à la terre est l'une des causes de la malnutrition en dépit des fameux emplois du reste mal rémunérés que les entreprises installées dans ces zones offrent à quelques ‘' chanceux ''( nous parlons de chanceux car il est impossible que toute la population prétende se faire embaucher dans ces entreprises).

Avec le projet d' Emphytéose Moanda l'essentiel de ce qui reste encore comme terres arables sera cédé aux investisseurs étrangers aux fins d'exploitation industrielle, donc il y aura encore moins de terres pour l'agriculture et l'élevage , base du développement de bon nombre de pays dont le BRESIL, la CHINE, l' INDE et tant d'autres petits pays d'Asie qui sont cités pour leur dynamisme dans ces secteurs.

Une double conséquence est à craindre  : la ré surgescence des conflits fonciers qui vont dégénérer en affrontements armés et le retour à la vassalité comme à l'ère de la féodalité.

L'expérience que nous avons eu le privilège de visiter en 1992 dans l'Etat de SPIRITO SANTO au BRESIL avec la Société américaine ARACRUZ qui a dévasté 120.000 hectares de forêts au profit des eucalyptus pour alimenter une usine à pâte à papier, laissant les anciens propriétaires indiens dans le dénuement le plus total en dépit de quelques avantages sociaux du reste insignifiants ( raccordement à l'eau et à l'électricité ), devrait nous servir de leçon. Fort malheureusement bon nombre des défenseurs du projet n'ont pas encore eu les mêmes opportunités que nous pour mieux cerner certaines réalités.

Les défenseurs de l' Emphytéose Moanda disent maintenant qu'il ne saurait être question d'occuper toutes les terres et proposent de n'occuper que les terres dont les investisseurs auront besoin, ce qui aura toujours pour conséquence de priver les populations de bonnes terres et donc de les reléguer dans les terres arides comme en Afrique du Sud, au ZIMBABWE, NAMIBIE et au BRESIL pour les transformer par la suite en travailleurs agricoles qui auront la possibilité d'exploiter des petites portions de terres en dehors des heures de travail ( on peut se rappeler à juste titre des ‘' latifundia '' et ‘' minifundia '' du BRESIL dont les spécialistes en Sociologie Rurale savent quelque chose. Le Mouvement de »s Paysans Sans Terre au Brésil lancé par les Organisations Paysannes du Brésil a permis aux agriculteurs de récupérer les terres non exploitées aux agriculteurs. Il serait vraiment intéressant de mieux s'informer sur cette riche expérience.

La Bible nous renseigne qu'à la sortie du Jardin d'Eden, c'est à Adam et ses fils que Dieu donna l'ordre de dominer sur toute la terre et le choix fait par chacun d'eux, l'un comme agriculteur et l'autre comme éleveur n'est pas le fait du hasard.

Le laboureur et ses enfants du Fable de la Fontaine ( la Fontaine n'était pas Congolais mais Français, c'est-à-dire Européen ) a toujours été cité en exemple du ‘' Trésor '' caché dans la terre.

3°- Sur le plan social.

Dans un contexte de mondialisation sauvage , l'implantation des industries dotées d'une technologie de pointe va placer la main d'œuvre locale devant une compétition dans laquelle elle est déjà perdante.

En effet, les nouvelles industries vont faire appel à une main d'œuvre spécialisée expatriée pour occuper les fonctions principales et de haute technicité, reléguant la main d'œuvre locale à des fonctions secondaires et à des emplois du genre ‘' balayeur de rues'' , ‘' chargé de la propreté des installations et bureaux'' comme en AFRIQUE DU SUD et ailleurs.

Les cadres universitaires comme nous qui avons déjà atteint un certain âge sommes non partants à l'engagement et nos jeunes frères avec des diplômes truqués et obtenus de la manière qu'on connaît seront bons pour des postes de moindre importance, leur donnant juste droit à un salaire pouvant leur permettre de mener tant soit peu un train de vie à côté d'une grande masse de pauvres comme à MALONGO au CABINDA.

Pris dans son sens initial ou reformulé autrement, le projet aura pour conséquence d'instaurer un ‘' apartheid social '' qui ne dit pas son nom. Car, dans l'un ou l'autre cas, nous aurons à faire à une classe de colons jouissant librement des terres expropriées à côté de petites communautés de nègres réduits au rang de vulgaires esclaves ou à un état qui correspond à cela .

4°- Sur le plan économique et commercial .

L'implantation de nouvelles industries va créer une nouvelle classe de consommateurs constituée essentiellement des expatriés avec comme corollaire la création de nouveaux besoins en biens de consommation importés . Ce qui conduira à l'afflux de commerçants expatriés pour l'approvisionnement en biens de consommation qui seront vendus à des prix défiant toute concurrence .

La conséquence inévitable de cette situation sera la disparition des commerçants congolais revendeurs .

Les produits locaux qui constituent aujourd'hui la source principale de revenus des agriculteurs seront encore davantage soumis à la concurrence extérieure comme l'est déjà le riz , ce qui conduira à réduire davantage le marché des produits locaux.

D'où toute l'activité économique et commerciale sera de nouveau contrôlée par les expatriés comme à l'époque coloniale .

Il ne fait l'ombre d'aucun doute que la contrée sera fortement industrialisée mais ce sera une industrialisation pour enrichir davantage les riches que les congolais.

5°- Sur le plan politique

Vu que la zone du projet ne fera plus partie de la RD- Congo, du moins pendant toute la durée de l'Emphytéose, l'exercice de toute activité politique ne sera pas toléré . De nouveau, comme à l'époque coloniale, l'administration sera entre les mains des étrangers qui n'auront besoin des congolais que pour les tâches d'exécution, sans aucune participation à la prise des décisions nous concernant.

Il semble que c'est justement la faillite politique de notre pays ayant entraîné celui-ci dans un gouffre indescriptible qui donne des raisons à certains de nos frères de croire que ce serait le meilleur moyen pour nous de nous soustraire à une gestion politique calamiteuse comme celle que nous connaissons depuis plus de trois décennies.

Mais, faire appel aux étrangers pour nous administrer est vraiment la solution à tous les maux dont souffre le congolais vivant dans la zone convoitée ?

6° . Sur le plan géo - stratégique ,

Il sied de rappeler la très célèbre conclusion de Henri Morton Stanley selon laquelle ‘' sans l'ouverture sur l'Océan le Congo ne vaut aucun penny ''.

Or, avec l'Emphytéose, l'accès à la mer sera sous contrôle étranger avec la conséquence que chaque fois qu'on voudra faire tomber un régime ou
l'asphyxier, on trouvera des raisons de rendre le bief maritime inopérant. Ce qui est vrai pour l' Emphytéose Moanda l'est aussi pour le Pont sur le Fleuve Congo entre
Brazzaville et Kinshasa . Ces deux stratégies ne sont que des voies détournées pour
rendre la RD – Congo plus vulnérable qu'il ne l'est maintenant .

7°. Sur le plan de l'intégrité du Territoire de la RD- Congo ,

Il est tout à fait clair pour tout homme de bon sens que faire passer une partie du pays sous contrôle étranger sera un pas vers la désintégration de ce pays que bon nombre de marchands d'illusions veulent voir disparaître de la carte de l'Afrique comme cela s'est passé en YOUGOSLAVIE.

Pire encore, quand on sait que l'Emphytéose prévoit la cession définitive de la zone concernée aux investisseurs étrangers, on assistera à la naissance d'un Etat à part entière à l'embouchure du Fleuve Congo dont le contrôle échappera à ce qui restera encore de l'Etat Congolais , Etat dans lequel les Congolais seront ce que sont les amérindiens aux Etats-Unis d'Amérique. Quel crime envers l'humanité ?

Un aspect important à soulever ici c'est le creusage d'un tunnel entre Matadi et Kinshasa pour permettre aux navires de servir toute l'Afrique Centrale.

Cela est peut être une bonne chose pour les initiateurs du projet mais, une fois de plus, vu qu' il est certain que ce tunnel ne sera pas sous contrôle congolais comme l'a été jusqu'à un passé proche le Canal de Suez qui ne profite toujours pas au peuple égyptien, il est à craindre que par ce tunnel passeront les armes qui serviront à embraser tout le pays et le conduire ainsi à la balkanisation tant souhaitée par ceux qui ont depuis toujours craint l'instauration en Afrique Centrale d'un Etat économiquement et politiquement puissant que serait un Congo Fédéral au coeur de l'Afrique . L'on peut comprendre aisément pourquoi les ingérences extérieures dans la vie politique de notre pays depuis le fameux coup d'Etat de 1965 qui n'a eu pour seul mérite que d'inaugurer une longue période d'endormissement du peuple congolais qui continue encore jusqu'à ce jour à travers des subterfuges de toutes sortes.

CONCLUSION

Une question fondamentale mérite d'être posée, celle sur l' existence d'autres alternatives pour développer la zone tant convoitée .

Il est démontré que de bonnes perspectives de développement agricole existent bien pour le MAYUMBE, développement pouvant bénéficier directement à nos agriculteurs en lieu et place d'un développement industriel destructeur de l'environnement. Pourquoi ne pas promouvoir des initiatives qui valorisent la production agricole locale du genre de celles qui transforment les produits locaux pour donner des revenus substantiels à nos agriculteurs ?

En effet, le MAYUMBE, plus que le MANIANGA, offre la possibilité d'utiliser simultanément tous les facteurs de la production agricole sur une même parcelle de terre en vue de l'augmentation des rendements: de nombreux cours d'eau pouvant permettre un approvisionnement d'eau suffisant au moment voulu , la facilité d'approvisionnement en semences de variété à haut rendement, la disponibilité de sols contenant suffisamment d'éléments nutritifs et favorables à l'agriculture biologique, etc.

De même, le MAYUMBE offre d'énormes possibilités de pratiquer la pisciculture d'économie avec ses nombreuses vallées qui peuvent être transformées en vastes étangs moyennant un aménagement approprié.

Contrairement aux défenseurs de l'Emphytéose qui pensent qu'il y a un ‘' gaspillage '' des terres dans la zone proposée et qui justifierait l'affectation de celle-ci à l'exploitation industrielle, il faudrait plutôt promouvoir l' intégration de l'agriculture et l'industrie à la fois en modernisant l'agriculture et en affectant les terres qui ne s'y prêtent pas à l'industrie ; l' équilibre serait ainsi établi.

Il faudrait, pour cela, que le Gouvernement qui sera issu des urnes initie une réforme agraire pour aider les cultivateurs à obtenir ou à protéger le titre de propriété de la terre qu'ils occupent avant de céder des concessions aux investisseurs avec une rétrocession directe des royalties aux communautés locales aux fins de réalisation des projets à caractère social ( construction et équipement des infrastructures sociales de base : écoles, centres de santé, équipements d'approvisionnement en eau potable, etc là où il n'y en a pas).

De même, ce Gouvernement devrait donner aux cultivateurs tous les moyens possibles pour les aider à surmonter les entraves représentées par le manque de financement, de professionnalisme et de connaissances .

Enfin, contrairement à l'époque coloniale, on devrait éviter avec grand soin le retour à une agriculture pratiquée sous forme de grandes plantations entre les mains de gérants étrangers et financées par des capitaux étrangers qui apportent peu de profit aux populations locales .

En tout état de cause, le projet Emphytéose Moanda va à contre courant de tous les efforts investis par les ONGD pour promouvoir un développement endogène, participatif et responsable , à travers des programmes prenant en compte toutes les dimensions de la vie humaine : politique, économique, social, culturel, technique, etc.

‘ 'Nul ne peut développer un peuple, le peuple se développe lui-même. Nul ne peut libérer un peuple, le peuple se libère lui-même '' nous apprend la Pédagogie de la Libération de Paolo Freire ( Prêtre Brésilien).

Tout ce qui se fait sans le peuple se fait contre lui ne cesse-t-on de dire .

Les Brésiliens et tant d'autres peuples du monde ont connu des régimes politiques dictatoriaux ou impropres comme les Congolais du Congo - Kinshasa, mais aucun d'entre eux, à moins qu'il existe sur une autre planète, n'a développé des attitudes aussi fatalistes, défaitistes... et ne s'est pas réfugié dans des projets du genre Emphytéose Moanda comme le peuple congolais. Pourquoi ne pas s'inspirer des exemples de ces pays que pourtant nos dirigeants visitent et vantent tant ?

Aussi paradoxal que cela puisse l'être, tout le monde, y compris les congolais reconnaissent et vantent les potentialités naturelles dont le Créateur a pourvu le Congo – Kinshasa en oubliant que parmi ces potentialités il y a l'homme, ce Congolais dont l'intelligence est tant vantée ailleurs .

Mais, personne n'ose prendre l'initiative d'un projet qui aiderait ce peuple à se doter d'un nouveau leadership politique vraiment responsable et patriote , alors que ce serait là la seule voie qui pourrait sortir ce pays de la position de P ays P auvre T rès E ndetté.

C'est vrai qu'il se pose des problèmes au niveau de la classe politique de notre pays mais c'est justement là une raison de plus pour déclencher un processus de renforcement du pouvoir du peuple jusqu'à ce qu'il atteigne son autonomie ou son autogestion, comprise comme le contrôle de ses propres conditions de vie .

Bref, LE PROJET HUMILIANT D' EMPHYTEOSE MOANDA N' EST VRAIMENT PAS OPPORTUN .

José MABUELAMA – NIEMBA KUMBU



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