TRAVAIL ET DIALOGUE
Page d'accueil
A propos de nous
Correspondance et Retrouvailles
Interviews, Entrevues...
Musique
Forum
Emploi
Notes de lecture
Liens

CARNET D'UNE VISITE AU CONGO-KINSHASA
(2è PARTIE)

VISITES DES CAMPUS UNIVERSITAIRES !

Nous avions visité deux universités (l'UPN, Université Pédagogique Nationale anciennement connue comme IPN, et l'UPC, Université Protestante au Congo) et un institut supérieur (l'Institut Supérieur de Statistiques).

L'Université Protestante du Congo (UPC)

Commençons par l'UPC. L'UPC s'était transformé en un grand centre de concours pour les candidats aux postes de gestionnaires ou mandataires d'entreprises publiques de l'Etat lors de notre passage. Plusieurs véhicules de luxe avaient pris d'assaut le campus de l'UPC. Faute d'espace pour le parking, beaucoup de véhicules étaient stationnés sur la pelouse de l'université. Nous avions vu plusieurs candidats habillés en veste. Nous les avions vus prendre place dans une salle aménagée pour la circonstance. Quelqu'un nous a soufflé qu'ils étaient au moins 1.500. Avec ces véhicules, il y avait de quoi imaginer que beaucoup d'anciens mandataires des entreprises publiques veulent revenir aux postes de commandement.

Une Mercedes Benz s'est stationné devant nous. Un monsieur bien habillé en est sorti pendant que nous filmions avec notre camcorder. Avec un accent très français et un petit sourire, le monsieur lança : « Je ne suis pas un des candidats. Je suis professeur ici ». Nous avons rétorqué : « Vous en avez l'air ». Il renchérit : « J'en ai l'air ? Alors, je suis fier ».

Un autre professeur a trouvé un groupe d'étudiants en pleine conversation en Lingala et leur a dit : « On se croirait à Matonge ici ». Une étudiante a saisi l'ironie et a répliqué : « Mais, professeur, nous ne devons jamais oublier nos langues locales ». Nous avons suivi cet échange avec intérêt.

Respect de l'Heure, Un Problème

L'Eglise du Centenaire
Des Etudiantes de l'UPC

Nous y avions accompagné un neveu qui devait défendre sa thèse de licence en droit. La soutenance de son mémoire était prévue à 9h00 du matin. Nous sommes arrivés sur le lieu à 8h30. Jusqu'à 11h30, rien ne se faisait et rien n'était dit aux étudiants qui attendaient. Nous avions pris le courage de demander au secrétaire général académique de l'UPC la cause de ce retard. Car nous avions un autre rendez-vous ailleurs. Il l'attribuait au changement de programme provoqué par les concours des candidats gestionnaires. Mais nous avions constaté que les salles des étudiants de la faculté de droit n'étaient pas concernées par ce concours. Il avait contacté le doyen de cette faculté pour savoir ce qui retardait le début des travaux de soutenance de thèses. Immédiatement après, une nouvelle heure pour la soutenance de thèses était communiquée aux étudiants. Les étudiants allaient donc défendre à 12h30.

Critères d'Evaluation Inconnus des Etudiants

Nous avions voulu voir les critères d'évaluation avant la soutenance, les étudiants concernés nous ont dit que l'Université ne leur avait pas communiqué les critères d'évaluation. Les étudiants ne savaient pas avec précision ce que les membres du jury allaient évaluer. Ils disaient cependant qu'ils avaient une idée assez générale de ce qui allait être évalué. Nous n'étions donc pas surpris de voir un professeur s'acharner sur un étudiant pour une petite erreur de prononciation. Le professeur demandait à un étudiant qui avait rédigé un excellent travail sur la nécessité pour le Congo d'avoir un marché financier (à la manière de Wall Street) de définir à sa manière « le marché financier ». L'étudiant qui s'accrochait à l'aspect pluridimensionnel de ces concepts voulait les circonscrire au pluriel. A peine avait-il dit : « les marchés financiers sont » que le professeur l'interrompit. « Le marché financier sont… », cria-t-il. L'étudiant a repris qu'il voulait souligner l'importance que revêt les différentes composantes de ce marché. Le petit jeu de ping pong sur « le marché financier est », « les marchés financiers sont » a pris inutilement le temps précieux qui devait permettre à l'étudiant d'expliquer les vraies raisons de la nécessité d'une bourse kinoise. Voilà pourquoi nous encourageons les professeurs à mettre l'accent sur le contenu du travail plutôt que sur des aspects auxiliaires. Aux Etats-Unis, nous évaluons les étudiants selon des critères bien définis. Un exemple : « layout : 20 points », « scientific accuracy : 30 points », « use of design elements », « utilisation des méthodes de recherche », « use of appropriate speech techniques : voice control, poise, eye contact », etc. Il est important que les étudiants sachent ce qui est évalué ; de cette façon, ils ne vont plus spéculer sur les notes leur attribuées.

Un Ministre-Enseignant

Nous avions vu un compatriote flanqué d'un garde du corps. Il saluait ses collègues comme s'il était très pressé. Ses interlocuteurs se montraient trop polis à son endroit. On nous a dit qu'il était le ministre de la presse. Il enseigne à l'UPC.

Rencontre avec le Recteur

C'est notre ancien professeur d'Ethique qui est l'actuel recteur de l'Université Protestante au Congo. Plongé dans une conversation avec un étudiant, il passait juste devant nous. Notre volonté de lui parler contrastait avec son désintérêt. Nous avons juste eu le temps de le saluer et lui dire qu'il nous a enseigné il y a plusieurs années. Sans s'arrêter, il lâcha un petit sourire et nous dira : « ah bon ? ». Il continuait son bonhomme de chemin.

Conclusion

L'UPC fait des efforts pour se moderniser. Nous avions constaté la construction d'un bâtiment en étage. Elle a un centre informatique assez équipé, nous a-t-on dit. Il est vrai que les bureaux ne sont pas informatisés. Mais l'UPC déploie des gros efforts pour garder la tête haute. Nous disons donc félicitations à cette université.

Passage à l'Université Pédagogique Nationale (UPN)

La dernière fois que nous nous sommes rendus sur le campus de l'UPN, l'institution était encore un institut. Depuis lors elle est devenue Université. C'est par nostalgie que nous avons été sur place. Nous en sommes des produits.

C'est avec joie et émotion que nous avions revu les professeurs et les vieux copains devenus assistants et chefs des travaux.

Nous étions contents de constater que l'UPN s'est enrichie des trois nouveaux auditoires (un est encore en construction). Les deux qui sont déjà achevés abritent les nouveaux programmes tels que la Diplomatie et les Relations Internationales.

C'est avec surprise que nous avons noté la construction d'une église entre le pavillon A et le pavillon C. On croirait que l'UPN aurait plus besoin d'auditoires ! Avec tous les nouveaux programmes que l'UPN abrite (Sciences Infirmières, Gestion Financière, Relations Internationales, etc.), il paraît plus raisonnable de penser à la construction de salles de classe qu'à une église. Comment une église peut être aussi proche des auditoires ? Le gouvernement en sait-il quelque chose ? L'UPN n'étant pas affiliée à une quelconque église, qui a donc vendu cette portion de terre ? C'est vrai que les étudiants ont de plus en plus besoin de la bonne nouvelle mais faudra-t-il construire une si grande église a cet endroit-là ?

Nous avions aussi vu un endroit aménagé par un groupe de prière vers le camp des professeurs à côté d'une salle de classe et du Home I. Des étudiants y priaient et chantaient à haute voix pendant que les cours avaient lieu. Pourquoi trouve-t-on ce genre de prière normal ? N'est-ce pas là un dérangement ? Quel dérangement ? L'UPN est envahie par des kiosques qui jouent de la musique à tout casser. Même le rez-de-chaussée du Home II n'échappe pas à cette réalité. On y vend des boissons alcooliques, sucrées, des pains, etc. et le tout assaisonné avec de la musique à la mode.

Du rez-de-chaussée, on est révolté par l'insalubrité tout autour du Home II. Le gouvernement doit penser à assainir l'environnement dans lequel évoluent les étudiants. Tenez ! Au pavillon C, une bonne couche de poussière repose paisiblement dans des salles de classe. Il en est de même d'une toile d'araignée dans une des salles de ce pavillon. Les autorités académiques ne peuvent-elles pas penser à régler ces petites questions ? Faut-il l'intervention de la Banque Mondiale pour résoudre le problème de la poussière dans les salles de classe ?

Des Etudiants Suivent les Cours Debout

Une salle de classe avec un pupitre cassé Toile d'arraignée (pas visible sur la photo)

Nous avions trouvé une salle de classe au pavillon C avec 5 pupitres. Quatre étaient utilisables et un était cassé. Des étudiants y suivent des cours debout. Que font les autorités académiques ? Que fait le gouvernement ? Pourquoi le recteur ne se sent-il pas dans l'obligation d'équiper cette salle ?

Programmes de Doctorat et de DEA à l'UPN

Nous étions agréablement surpris de constater que l'UPN offre des enseignements pour les programmes de doctorat et de DEA. Nous avons vu des étudiants de DEA à l'Ecole d'Application de l'UPN et les étudiants de doctorat au campus de l'UPN. Des chefs de travaux, des assistants, et les anciens étudiants de l'UPN sont inscrits dans ces programmes. Notons en passant que l'Ecole d'Application de l'UPN est aujourd'hui clôturée et repeinte en bleu. Cependant, la toiture du bâtiment qui abrite le bureau du préfet porte un trou au niveau du plafond. A côté de cette école se trouve un petit bar qui fonctionne après les heures des cours.

Manque d'Infrastructures Techniques

Home II
Urinoire de fortune derrière le Pavillon A

Aux Sciences Infirmières, nous avions noté un enseignement théorique. Ce programme a-t-il des équipements ? Si la réponse est négative, il faut donc le fermer. On ne doit pas former les formateurs des infirmiers par un enseignement théorique. Les infirmiers sont différents des philosophes, des linguistes, etc.

L'UPN collabore avec l'UNICEF. Nous avions vu un programme d'enseignement à distance. Malheureusement, nous avions aussi constaté que la salle de classe (au pavillon A) où enseignait un certain ingénieur n'avait que tableau et craies. L'UPN a besoin d'infrastructures techniques.

Le Home II n'a pas de vitres pour protéger chaque niveau (étage). Les étudiants sont à découvert. L'un d'eux peut tomber du sixième niveau. Heureusement que les cas de suicide sont rares dans notre pays. Nous avons appris que la compagnie VODACOM avait réfectionné le Home II. Il appartient à cette compagnie de terminer ces travaux de réfection en remplaçant les vitres qui protégeaient les façades latérales du Home même par des pièces en bois.

Les Congolais de la diaspora, le gouvernement, les hommes d'affaires doivent investir dans l'enseignement un peu comme l'Américaine Oprah Winfred l'a fait en Afrique du Sud. Nous avons tous le devoir de secourir nos écoles et nos universités. Nous apprécions de plus en plus les efforts des promoteurs des écoles tels que Massamba, etc. Il faut redonner de la valeur aux écoles et aux institutions universitaires et supérieures du pays. Les politiciens Congolais ne semblent jamais trouver de motivation à investir dans le domaine de l'enseignement, si important soit-il dans la vie de la nation.

L'Institut National de Statistique (INS)

Nous avons accompagné un ami dans cet institut privé. Nous n'avions pas eu l'occasion d'entrer dans les salles de classe. Nous nous sommes limités à l'extérieur où nous déplorions la pelouse sauvage qui envahissait le terrain. Les caniveaux sont bouchés et la pelouse pousse sans contrôle…

© Congo Vision



 
 
Copyright © 2005 Congo Vision. Tous droits réservés.